L’exposition « Dora Maar » au Centre Pompidou, à Paris, constitue la plus grande rétrospective consacrée jusqu’à aujourd’hui en France à l’œuvre de la photographe et peintre qui a marqué l’art de la première moitié du XXe siècle. Rassemblant presque cinq cents œuvres et documents, elle retrace le parcours d’une femme libre qui, plus qu’une simple modèle, fut avant tout une artiste.
Première grande rétrospective de Dora Maar au Centre Pompidou
Inédite, l’exposition l’est à plusieurs titres : première rétrospective de l’œuvre de Dora Maar dans un musée national, elle offre une occasion unique de voir réuni un corpus qui a été dispersé entre diverses collections publiques et privées en France et à l’étranger. Surtout, elle propose une nouvelle lecture de l’œuvre de Dora Maar, personnalité incontestablement reconnue mais dont certains aspects majeurs de la pratique artistique demeurent méconnus.
L’œuvre de Dora Maar s’inscrit dans une génération de femmes nourrissant des ambitions artistiques qui se sont professionnellement émancipées par le métier de photographe, grâce au développement de la presse illustrée et de la réclame dans les années 1930. Après avoir hésité à poursuivre une carrière de peintre, c’est vers la photographie qu’elle se tourne. Des clichés comme Sans titre [Mannequin assise de profil en robe et veste de soirée] témoignent des portrait, photographies de mode et autres projets publicitaires qu’elle effectue à partir de 1931 dans son studio photographique pour divers périodiques. Des réalisations déjà marquées par un style particulier reposant sur un jeu avec les lumières.
Dora Maar, de la photographie de mode et publicitaire aux surréalistes
Les photographies Portrait d’Ubu et Le simulateur, réalisées en 1936, sont les plus célèbres des Å“uvres de Dora Maar rattachées au mouvement surréaliste. Tout en poursuivant ses travaux de commande, l’artiste s’est rapprochée de ce mouvement dont elle partage la vision artistique autant que l’engagement politique. Ses photographies sont parmi les rares à être exposées lors des grands événements surréalistes. La rencontre en 1935 avec Pablo Picasso puis leur collaboration et leur liaison conduit Dora Maar à peu à peu délaisser la photographie pour la peinture, dans un style d’abord inspiré par celui de Pablo Picasso, plus personnel durant l’Occupation avec des tableaux sombres et empreints d’un sentiment de solitude, typique de la périodes, puis un travail sur le paysage et enfin l’abstraction dans les années 1950.
Le progressif retrait de la scène artistique par Dora Maar qui suivit a entraîné une méconnaissance d’une partie de son œuvre, à laquelle l’exposition entend remédier. Elle met en lumière un travail de création artistique quotidien et prolifique et notamment son retour à la photographie dans les années 1980. Réalisés sans appareil, des photogrammes conjuguent les gestes de peintre et de photographe, les deux modes d’expression de Dora Maar.