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Dominique Figarella

L’art de Dominique Figarella fait parler la matière, qu’elle soit lisse, épaisse, fluide, libre ou contenue dans des formes géométriques. Il intervient sur la base d’une forme aléatoire, en s’interrogeant sur la manière dont le mou rencontre le dur, la forme fluide l’angle dur, la surface lisse, la matière boursouflée ou crevassée.

S’il met en place des protocoles d’exécution, le peintre sait se mettre à l’écoute et accompagner la peinture dans les hasards de son déploiement. Sur les cinq tableaux récents exposés ici, on distingue deux types. Ceux qui reposent sur des effets de masse et un jeu bicolore entre arrière-plan et avant-plan, et ceux qui explorent la ligne et la dynamique des éléments.

Puisant à la fois dans l’histoire de l’abstraction géométrique et de l’abstraction lyrique, ces peintures révèlent une complexité opportune. Elles jouent sur la fluidité hasardeuse de la coulure en même temps qu’elles sont éminemment construites à partir de formes géométrique homogènes. Elles montrent aussi tout en cachant, de part ces ajouts rectangulaires recouvrant certaines parties de la couleur jetée en épaisseur. Ces caches ont exactement la même couleur que celle utilisée pour le fond, ce qui provoque un trouble, une interrogation sur la manière dont est fait ce que l’on voit. La couleur de fond ajoutée en surface, donc en épaisseur, fait paradoxalement apparaître un creux.

Avec seulement deux couleurs, sans aucune variation de valeur, le peintre propose ainsi plusieurs points de vue de lecture de la composition, ajoutant une dimension supplémentaire de brouillage des perspectives avec l’utilisation de la surépaisseur qui s’affiche en contraste mais avance aussi masquée à certains endroits, comme enfouie dans l’arrière-plan.

Dominique Figarella a un rapport à la surface de la toile qui interroge les notions de creux et d’éclatement. La matière de la peinture s’étire, éclate dans sa masse mais aussi dans sa forme. Elle se dissémine, prolifère dans la dynamique du geste. Ce mouvement et cette dynamique se manifestent tout particulièrement dans les deux peintures de format plus réduit où apparaissent des figures molles réalisées à base de peinture blanche épaisse s’étirant en fils, un peu comme du chewing-gum – une matière que l’artiste a par ailleurs travaillé à plusieurs reprises. Minutieusement, au stylo et au crayon par dessus le blanc, Dominique Figarella construit alors un réseau de formes colorées qui semblent danser dans l’espace de la toile. Leur fluidité contraste avec l’agglomération de rectangles noirs qui s’entrechoquent et se superposent, pour créer un mouvement qui suggère un état d’apesanteur.

S’il tient le rôle de révélateur, s’emparant des hasards du cheminement de la peinture, Dominique Figarella semble avant tout animé par une volonté de créer une tension, de travailler les rapports de force et d’équilibre entre les éléments de ses compositions, mais aussi de multiplier les axes de lecture de l’image pour créer un univers plastique riche en perceptions.

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