L’exposition personnelle de Dominique De Beir à la galerie Jean Fournier présente des œuvres récentes appartenant à la série Altération ainsi que des tableaux plus anciens.
Des matériaux pauvres et des gestes répétitifs
Entre peinture et sculpture, la démarche de Dominique De Beir s’inscrit dans la lignée de l’Arte Povera, en faisant appel à des matériaux bruts et pauvres, et à des gestes répétitifs et mécaniques. La pièce intitulée Il fait grand bleu, réalisée en 2007, est constituée d’une large surface cartonnée de couleur blanche dans laquelle des points bleus et rouge de taille variable apparaissent par perforation. Le titre de l’œuvre, référence météorologique, renvoie aux possibilités de transformation et d’altération de la matière. Soumise aux gestes de l’artiste, celle-ci révèle toute ses qualités physiques et une versatilité qui fait écho à celle de la vie, naturellement changeante.
Une exploration intime de la matière
Une multitude de matériaux (papier, carton, polystyrène…) et d’outils (poinçons, stylets, scalpels, chaussures cloutées…) sont exploités par Dominique De Beir. L’exploration du sensible guide un travail systématique de dégradation par griffure, frappe, perforation, épluchage, brûlage, retournement… La matière est sondée jusque dans ses infimes détails et toutes ses caractéristiques sont mises à nu. Ainsi est rendue possible une relation directe et sensuelle à elle.
La série d’œuvres sur papier intitulée Macule met également en perspective la complexité du vivant à travers la manipulation de la matière. De la paraffine versée sur des feuilles de papier imprimées de motifs recouvre ces derniers d’auréoles qui les masquent presque. Leur relative transparence met en jeu les infinies nuances de la lumière et des couleurs.
Introduction de la couleur chez Dominique De Beir
La couleur justement est apparue récemment dans l’œuvre de Dominique De Beir. Elle se manifeste dans la série Altération, commencée en 2014. De larges plaques de polystyrène teintes de couleurs pâles et enduites d’une fine couche de peinture ou de cire sont altérées par divers outils puis chauffées. Cette dernière étape, déformant la surface, y fait apparaître des protubérances et des excavations et laisse entrevoir la couleur du polystyrène à travers les craquelures. L’œuvre offre une vision partagée entre la douceur des teintes pastels dévoilées et la violence des altérations. Le processus aléatoire engage toute la dimension physique du matériau.