Dominique Blais
Dominique Blais
Présenté en septembre 2008 lors de l’exposition prospective « Palimpseste, un bon pre-texte », la galerie Xippas consacre une exposition personnelle à Dominique Blais.
Explorant les potentiels de la lumière et du son, Dominique Blais travaille, avec les outils et les vocabulaires du sculpteur contemporain, sur des registres immatériels, des climats. Un univers intime s’installe immanquablement. La temporalité de l’écoute s’impose souvent à celui qui est venu voir.
Le soin de la mise en espace mêle le physique de l’écoute au temps du regard. Dès l’entrée, l’œuvre Ways (2007) accompagne le spectateur dans la montée des escaliers qui mènent à l’espace de la galerie. Lecture des textes de « My Way » par Sinatra d’une part et de Sid Vicious d’autre part, le visiteur attentif est témoin d’une rencontre entre deux interprétations qui confondent leurs destinées.
Par un jeu sur les polarités visible/invisible, son/silence, les attentes perceptives sont rendues floues, confuses, brouillées. Une partie du projet en cours Jishinha (ondes sismiques en japonais) consiste à relever les vibrations sonores des séismes au carrefour de trois plaques tectoniques. Là encore il ne s’agit pas d’enregistrer le son audible à la surface de la terre mais de capter les fréquences hertziennes des mouvements sous-jacents, véritablement liés aux déclenchements des séismes.
Les ondes, le flux, les éléments imperceptibles mais présents, constitue le cœur des recherches que mène Dominique Blais. Les éléments formels appartiennent au monde commun, les sons souvent quotidiens, comme pour souligner le sédiment imperceptible qui accompagne la vie, tel son lustre sonore, présenté actuellement à l’exposition La Force de l’Art, véritable composition musicale à partir de bruits d’une maison durant la nuit.
Dominique Blais assemble des conditions de possibilité de représentations mentales. Beaucoup d’œuvres tendent à jouer de l’absence pour laisser place à la coexistence des choses, aux glissements et ainsi à l’imaginaire. C’est le cas particulier de l’œuvre Transmission (2009).
L’installation sculpturale matérialise le lien entre deux baies de sonorisation par l’enchevêtrement baroque de centaines de câbles noirs en écheveaux, qui font circuler un son pourtant inaudible. Seule la danse discrète des diodes lumineuses témoigne des flux d’une musique imaginaire devant laquelle on devient le spectateur involontaire d’une messe basse.
Tout le travail de Dominique Blais s’inscrit dans le sillon esthétique de la musique électronique, milieu dont il est proche, entre autre en tant qu’ancien programmateur de concerts et de performances sonores à Confluences, Paris. Les dessins, série inédite encore Sans Titre, composés de tâches circulaires de poudre de fusain sont les transcriptions d’un morceau de musique choisi par l’artiste parmi les maîtres du genre, de Christian Marclay et Günter Müller à  + Noto, en passant par White House ou Auterchre.
Les traces proviennent des enceintes sur lesquelles l’artiste a déposé de la poussière de graphite que les vibrations sonores projettent sur le papier pendant toute la durée d’un morceau. Empreintes, témoins, réunion synésthésique de l’écoute et du regard, les dessins condensent en une surface le déroulement d’un temps passé, et laisse apparaître de sombres soleils acoustiques, mirages incertains de matières sonores figées par contact.
Tension d’un matériel sonore en action muette, circulation de flux d’énergies invisibles, effacement des propriétés de l’objet ; les terrains de la lumière et du son s’entremêlent poétiquement dans l’expérience, une intelligence des contraires où les limites s’évaporent, se subliment.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Paul Brannac sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
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