Men Allen présente la table Dolmen, un meuble sculptural dont la conception unit intimement forme et matériau, faisant de celle-ci une pièce unique. Si Dolmen met en perspective les proportions, conduisant le regard à découvrir ses irrégularités voulues, cette table semble renvoyer à un passé immémorial, dont la présence est rendue vive par le choix des matériaux.
Dolmen : une certaine idée du design
Ebéniste de formation, Men Allen décide de se tourner vers l’architecture d’intérieur et le design. Cette évolution personnelle, que l’on pourrait considérer comme un simple fait biographique, se révèle cependant décisive. Le fait apparemment anodin, répondant à une véritable nécessité, révèle un ensemble de convictions profondes.
S’attachant à la noblesse des matériaux qu’il utilise et soucieux de la précision de l’exécution, l’artisan privilégie naturellement la fabrication. Seconde, l’idée tend à s’effacer. Or, il importe que celle-ci précède l’action ou le faire, précise Men Allen, pour «dessiner des objets hors du temps, au plus près de mes idées et de mon inspiration». Et peut-être ne devrait-on retenir que ce dernier membre de phrase : «au plus près de mes idées et de mon inspiration», Men Allen semblant se refuser à dessiner des objets qui ne renverraient qu’à eux-mêmes, miroirs d’une inutilité et d’un formalisme bruyamment affirmés.
Dolmen : temps et matériau
Dolmen représente à sa manière un tel refus de céder à l’injonction d’une perfection formelle qui, par définition, ne saurait être naturelle. Ainsi apparaît la volonté de s’écarter d’une esthétique artificielle qui, en elle-même, n’est que négation du temps. Or, celui-ci est une donnée esthétique impérative, Men Allen parlant du «besoin du passage du temps sur l’objet», sans lequel il ne peut exister. Au-delà des propriétés caractéristiques de chacun, les matériaux utilisés ont une puissance d’évocation. La structure en bois de Dolmen est ainsi recouverte de chaux, laquelle donne à cette table basse l’aspect d’une pierre laissant apparaître les stries du travail humain que l’imagination peut interpréter comme autant de sobres vestiges naturels.