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Doisneau / Dieuzaide, une amitié heureuse

11 Sep - 02 Nov 2014
Vernissage le 10 Sep 2014

Réunissant le travail de Jean Dieuzaide et de Robert Doisneau, l’exposition montre les correspondances qui existent entre ces deux approches photographiques. Leurs images associées en duo de motifs ou de préoccupations formelles semblables disent la complicité entre les deux hommes et soulignent la proximité de regards qu'ils portaient sur leur époque.

Jean Dieuzaide, Robert Doisneau
Doisneau / Dieuzaide, une amitié heureuse

Pour célébrer ses quarante ans, le Château d’Eau accueille l’exposition « Doisneau / Dieuzaide, une amitié heureuse », proposée par Jacqueline et Michel Dieuzaide. Elle ravive le souvenir de cette première exposition et s’appuie sur ce sentiment fort existant entre ces deux hommes.

Se composant d’images peu ou pas connues de chacun d’eux, cette exposition montre la force créative de ces deux «frères d’armes» qui ont fait une carrière remarquable en sachant être des artisans passionnés de leur métier et en le servant avec éthique et engagement. Les images, de l’un et de l’autre, associées en duo de motifs ou de préoccupations formelles semblables disent ainsi la complicité entre les deux hommes et soulignent la proximité de regards qu’ils portaient sur leur époque.

«En 1968, lors d’un vernissage à la Bibliothèque Nationale de la rue de Richelieu à Paris, Jean Dieuzaide s’était publiquement offusqué de voir des photographies présentées sans cadres, sur des contreplaqués, dans un coin relégué de l’établissement… Il s’agissait d’une exposition consacrée à Robert Doisneau! Le toulousain fit alors à son ami la promesse d’un jour venger cet affront.

En 1974, Jean Dieuzaide inaugurait à Toulouse La Galerie du Château d’Eau avec une rétrospective consacrée à son ami parisien. Parole tenue! Doisneau y sera de nouveau exposé en 1979 et 1994. Seuls des amis photographes ayant ainsi eu la faveur de transgresser la règle de l’exposition unique en vigueur dans ce lieu…

Alors que Robert était assez désabusé sur son métier et la considération qu’en avaient aussi bien les pouvoirs publics que le milieu de l’art, Jean Dieuzaide avec la persuasion qu’on lui connaît, et dans la lutte constante qu’il mena pour donner à la photographie ses lettres de noblesse, parvint à convaincre son ami de lui confier ses négatifs. La plupart des tirages furent faits à Toulouse dans l’atelier de la rue Erasme. Et l’exposition inaugura le Château d’Eau. Doisneau confia peu après que cette rétrospective fut pour lui, le seuil d’un nouveau départ dans la reconnaissance de son œuvre.

Mais il s’agissait d’un temps ou la concurrence entre les photographes n’existait pas. Plutôt assimilés à des artisans qu’à des artistes, ils se soutenaient mutuellement, chacun faisant profiter l’autre de ses astuces, ses découvertes, et autres tentatives… Entre Robert et Jean, cette attitude corporatiste n’avait pas cours, et se doublait d’une profonde estime réciproque. On mesure le tissage lent et sûr de cette amitié, à l’importante correspondance qu’ils ont entretenue, et aux rencontres régulières lors de vacances, de reportages, ou de salons consacrés à la photographie.

La fréquentation assidue de chacune des deux œuvres a progressivement donné une évidence à la réalisation de ce projet. Non dans l’idée de les comparer, mais plutôt de montrer, combien deux hommes pratiquant le même métier à la même époque, avaient pu avoir, au travers de la photographie, une approche identique de leur temps et des humains qu’ils côtoyaient. De troublantes correspondances qui se sont le plus souvent faites sans que l’un n’ait connaissance des travaux de l’autre…

Il s’agit donc bien d’une attitude qui relève de la combinaison entre la pratique d’un métier à une certaine époque, et l’indéniable dimension humaine qui était la leur. Voilà où ce livre à deux voix peut avoir un sens, pour l’histoire même de la photographie. C’est du moins dans cet esprit qu’il a été conçu, offrant le témoignage d’hommes, d’artistes, qui ont su donner à leur métier un engagement total. Créant ainsi les prémices d’un art que tout le monde aujourd’hui s’accorde à reconnaître comme majeur.»
Michel Dieuzaide

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