Do You Ever Think Of Me Naked est une exposition produite par le collectif Janfamily. «Jan» est là la fois la syllabe identificatoire et le dénominateur commun des membres de cette famille artistique créée en 2004. «Jan» signale également une appartenance permanente ou provisoire à une perspective exploratrice des champs conjugués de l’art et du design.
Do You Ever Think Of Me Naked est le dernier volet d’un projet débuté en octobre 2005. La première phase fut initiée par l’édition d’un catalogue-manuel-manifeste concentrant des propositions alternatives et performatives à appliquer suivant le principe du «How to…».
Comme on suit les étapes d’un livre de recettes, les performances sont mises en pratique ou modifiées, d’autres encore sont inventées au cours de la deuxième phase, celle de l’open studio.
La trilogie se conclut à travers l’exposition, témoignage de ces parcours expérimentaux à travers le monde.
Les actions filmées de Nina Jan Meier et Marie Jan Lund éprouvent les équilibres réactifs de la nature humaine partagée entre sa part d’instinct et celle de conscience sociale. Au cours de jeux abstraits-absurdes dont les règles sont inconnues des participants, les regards sont amusés et scrutateurs, les gestes hésitants, dénués de matière réflective. Chacun suit l’autre, se laisse manipuler. Ici, la simplicité ludique se teinte d’une libération collective par l’abandon de la volonté individuelle.
Plus loin, on trouve les installations What have been done et What have been said. En isolant et scénarisant les gestes routiniers et des échanges banals, Nina Jan Beier crée un univers litanique et pourtant familier. Écrans et hauts-parleurs forment un cirque, la répétition hypnotise, l’étau d’un quotidien tangible se resserre à force d’être exponentiel.
La trace identitaire se retrouve plus loin dans la série photographique I Call It Mine. «It» est le lit des autres, l’espace intime qui se souvient des corps et endort l’inconscient dans sa bulle ouatée. En dormant dans ces lits, Marie Jan Lund s’approprie physiquement cet espace non seulement en l’occupant, mais aussi en le modifiant en son propre cocon. Colonisant le privé d’amis ou d’inconnus, elle crée la confusion des distances entre l’autre et soi qu’elle immortalise sur pellicule. Ses clichés sont pris après «l’acte» dont seuls des draps blancs froissés gardent la trace.
Le sous-sol est consacré à Chosil Jan Kil. «I Make Mark Of You et I’ll Think Of You 168 Hours And Then Forget About You, proche de l’Après la douleur de Sophie Calle, nous parle de rupture, de l’ombre des amours mortes et d’un temps voulu anachronique pour être thérapeutique.
Un film, Living With Andis One Week, est un simulacre de vie en couple avec un amant inconnu.
À travers des travaux simples, les artistes de Janfamily cherchent à offrir une vision renouvelée à partir de réalités considérées comme banales à force d’être communes. Le projet «Plan for other days» est un outil révélateur du potentiel artistique que chaque individu est capable d’exploiter en puisant dans ses propres ressources créatives. Le message est limpide : la poétisation de quotidien est à la portée de tous.
Nina jan Beier et Marie Jan Lund
— The Grass in Haggerston Park, sans date. Vidéo. 8 min.
Nina Jan Beier
— What Have Been Said, sans date. Installation sonore.
Marie Jan Lund
— I Call It Mine, sans date. Série de 7 photos. 50 x 50cm.