Présentation
Patrice Caillet
Discographisme récréatif
On s’est tous laissé aller, un jour, à gribouiller ce qui nous passait par la tête suiie qui nous tombait sous la main: un barbouillage impulsif, telle une carie sur un sourire béat d’une couverture de magazine, des moustaches sur un « chef-d’oeuvre » ou peut être aussi, quelques annotations
lapidaires, un dessin hasardeux sur la pochette d’un disque…
ll n’est pas habituel de modifier une image finie constituant le packaging d’un objet de consommation. De nombreuses pochettes se trouvent couvertes d’inscriptions, de caviardages bâclés et dans d’autres cas, apparaît un travail plus abouti, relevant d’une certaine « intentionnalité artistique ». On y trouve autant de marques d’affection, de dérision et de transgression à l’égard de « modèles » que de sentiments personnels, apposés là , en toute liberté, sur une icône pop d’occasion le temps d’une chanson…
Ces images recrées se font l’écho d’une expérience concrète du « banal » que I’on peut replacer dans une histoire de I’iconographie et de la musique populaire avec ses référents sociaux, économiques ou culturels. Conçues dans un acte ultime d’appropriation, elles se situent à la fin du circuit économique du disqué et n’ont plus une fonctionnalité prédéfinie. N’ayant pas été nécessairement crées pour être « montrées », elles peuvent être intimement conservées, occultées, négligées, jetées et par conséquent elles sont « rares ».
Du fait de propos souvent balbutiants, laconiques, d’un graphisme jugé très approximatif, ces images amateurs peuvent être considérées comme relevant d’une pratique mineure’et insignifiante. Cependant, elles sont avant tout I’expression d’instants vécus, de tentatives esthétiques risqirées, de propos stupéfiants, de créations inédites oscillant entre copie, stylisation, citation, détournement, projection, idéalisation, création, iconoclasme