L’exposition « Dis-moi voir » au FRAC Nord-Pas-de-Calais s’intéresse aux relations entre les arts plastiques et la littérature qui ont marqué la culture occidentale. Avec pour commissaire Catherine Millet, écrivain et critique d’art, l’exposition présente des sculptures, peintures et installations issues des collections du FRAC Nord-Pas-de-Calais et du Lieu d’Art et Action contemporaine de Dunkerque qui entretiennent toutes un lien avec la littérature.
Mettre en lumière les rapports entre littérature et arts plastiques
L’exposition rassemble les Å“uvres de dix-sept artistes et traverse divers courants de l’art moderne et contemporain, de l’arte povera au minimal art en passant par l’art conceptuel. Elle met en lumière les rapports ambigus entre littérature et arts plastiques, la complicité se muant parfois en rivalité. Toutes les Å“uvres partagent une volonté d’étudier ce qui fonde l’art. Elles explorent le principe de la primauté de l’idée sur la réalisation et l’articulation entre expression verbale et expression plastique.
Le parcours se répartit en quatre parties. La première est consacrée aux artistes-poètes et réunit des œuvres d’Henri Michaux, Carl Andre, Günter Brus et Gérard Duchêne. La deuxième s’intéresse aux artistes-lecteurs dont la création est inspirée par des romans. La grande installation de Gilles Barbier intitulée Le reproducteur témoigne ainsi de l’influence de la littérature de science-fiction sur l’œuvre de l’artiste. Un mannequin nu, au corps en surpoids, déformé et aux membres tronqués est suspendu dans l’air. Il est recouvert d’une multitude de ventouses qui le relient par des tuyaux à des emballages de produits alimentaires également en suspension autour de lui, ou bien permettant d’évacuer ces déjections et autres secrétions. Ainsi se matérialise un sujet récurrent des ouvrages de science-fiction : un être humain transformé en objet de laboratoire et réduit à sa fonction de consommateur et de géniteur.
De l’art inspiré par la littérature à l’art rejetant la littérature
Dans la troisième partie de l’exposition Bernard Rancillac et Allen Ruppersberg endossent le rôle d’artistes-fabricants d’icônes du poète. L’installation The Singing Posters d’ Allen Ruppersberg a pour objet central le poème Howl d’Allen Ginsberg. Sur toute la surface d’un long mur sont collées des affiches aux couleurs très vives sur lesquelles est imprimé, divisés en fragments et selon une typographie irrégulière, le long poème en prose d’Allen Ginsberg. Celui-ci est retranscrit phonétiquement à partir d’une lecture qu’en fit Allen Ginsberg en 1959 à San Francisco. Le dispositif oblige l’œil à se repérer dans ce gigantesque alignement de mots et à suivre, par les cassures chromatiques, les respirations du poète.
Enfin, la dernière partie dresse l’art contre la littérature. Elle réunit des œuvres d’artistes qui ont rejeté ou détourné la littérature tels que Maddalena Fragnito di Giorgio, Aligniero Boetti et Donald Judd.