L’exposition consacrée à l’œuvre de Didier Vermeiren au Frac Bretagne présente une vaste sélection de sculptures et de photographies du sculpteur belge, dont une grande partie est inédite.
Vingt-cinq sculptures jalonnent le parcours, selon un dispositif propice à un dialogue entre les œuvres et l’espace d’exposition et entre les sculptures d’hier et celles d’aujourd’hui. Pour l’occasion, les salles du Frac deviennent lieu d’étude, lieu d’expérimentation sur la perception et même lieu de jeu avec l’espace lui-même.
Didier Vermeiren propose une étude de l’histoire et du vocabulaire de la sculpture
En bois, en terre, en plâtre, en marbre ou en bronze, les sculptures de Didier Vermeiren s’engagent dans les interrogations propres à la sculpture moderne et explorent les infinies possibilités de cet art, tant en matière de processus physique de création que dans la dimension visuelle de sa présentation. A travers l’œuvre de Didier Vermeiren se déploie une étude de la sculpture, à travers son histoire et son vocabulaire.
La réflexion sur la tradition sculpturale se lit particulièrement dans le travail autour des socles pour lequel est connu Didier Vermeiren. Des répliques de socles d’œuvres célèbres notamment de Rodin en reproduisent avec exactitude la forme et les dimensions mais pas le matériau. D’autres socles au contraire s’approprient le matériau de l’œuvre originale, dans une confusion voulue entre la sculpture et son socle. Des reproductions multiples d’un même socle, chevauchés, renversés, empilés, deviennent les composants d’une seule sculpture. Des moules en plâtre réalisés à partir de pièces en argile aux dimensions de socles d’œuvres précises de l’histoire de la sculpture sont présentés à l’envers, dans une sorte de renversement de la sculpture où le convexe devient concave et le plein, vide.
Un large champ de références de la statuaire classique à l’art contemporain
Ainsi les créations de Didier Vermeiren reposent sur la tension entre les principes contraires ou complémentaires qui structurent l’art sculptural : le poids et la masse, la surface et le volume, le plein et le vide, le positif et le négatif, la fixité et le mouvement… Elles déploient un large champ de références et de problématiques qui relient la statuaire classique à l’art contemporain. Les techniques mises en Å“uvre par Didier Vermeiren, la taille, le moulage, l’assemblage, comme les matériaux qu’il utilise, sont caractéristiques de la pratique traditionnelle de la sculpture en atelier, mais elles sont au service d’un questionnement très moderne.
Un ensemble de cinquante photographies montre le rôle de celles-ci dans le processus de création sculpturale, en tant qu’outil de visualisation et d’expérimentation. Didier Vermeiren pousse cependant ce dernier aspect plus loin en faisant de l’image un moyen de représentation en trois dimensions. En utilisant de longs moments de pose, il capte les déplacements des formes, qui deviennent superpositions de lignes floues, et abolit la rupture entre mobilité et fixité. Le volume se met en mouvement.