LIVRES

Didier Demozay

"Enduire le fond de la toile d’une couche superficielle de blanc, mettre en place deux ou trois figures dans l’espace de la toile, poser la couleur, voilà en quoi tient ma peinture…". Des propos modestes pour ce peintre qui utilise le tableau comme espace d’expérimentation et de construction où la couleur prime.

— Éditeur : Le 19, Montbéliard
— Année : 2003
— Format : 17 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Pages : 64
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-910026-74-4
— Prix : 12 €

Préface
par Philippe Cyroulnik (extrait, p. 5-6)

La peinture [de Didier Demozay] se nourrit d’une relation complexe entre le geste et la couleur. Elle privilégie l’intensité au sentimentalisme et l’économie des moyens à l’exubérance baroque. Si l’on doit évoquer un enseignement qui lui a permis de s’affirmer c’est celui de Cézanne et Matisse. C’est encore du côté d’artistes de l’expressionnisme abstrait tel Clifford Still qu’il faut aller voir ; mais avec un constant soucis d’aller à l’essentiel : ce qui l’amène par exemple à vouloir très tôt en garder l’intensité tout en « échappant à son lyrisme ». Dans ses peintures récentes Demozay se distingue de nombreux artistes par son refus de l’emphase, une simplicité délibérée de son vocabulaire pictural et une économie des couleurs. La luxuriance possible de la peinture passe ici par sa mise à nue. Il y a dans cette œuvre un refus de l’ostentation qui n’empêche pas sa vivacité. Tout en récusant toute profondeur illusionniste, elle nous offre la densité et la profondeur d’un champ où s’entrecroisent le geste, la trace et la couleur. Ses peintures émergent de cette confrontation entre la détermination du geste et l’aléa du faire, dans un espace où fond et forme se lient et se délient. Les « formes couleurs » sont ici les figures de la couleur, le fond, le lit de la peinture et le tableau le fruit de leurs relations réciproques. La violence des contrastes qui charpentent cette peinture porte en elle l’écho des intensités lumineuses qui viennent découper les paysage du Sud où Demozay vit. Elle lui donne de la puissance. C’est en s’appuyant sur un registre quasi élémentaire que sa peinture peut nous permettre d’éprouver la complexité à laquelle s’ouvre cette mise en forme de l’énergie interne à la peinture. Elle tisse les mailles qui vont faire se nouer dans un équilibre précaire geste et couleur, plein et vide, forme et flux. Sa peinture se singularise par la force de conviction qui s’en dégage et l’împression qu’elle donne d’être le moment intense d’un Work in Progress de la couleur.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du 19)

L’artiste
Didier Demozay est né en 1950. Il vit et travaille à Draguignan.