DANSE | PERFORMANCE

Did Eve need make-up?

23 Fév - 23 Fév 2012

Après son impressionnante interprétation dans AsfixiA, Gael Depauw présente Did Eve need make-up? dans la cadre du festival Artdanthé, performance qui réclame la participation du public dans ce qui constitue une sorte de cérémonie de déconstruction du geste féminin: celui du maquillage, geste ô combien banal mais éloquent, qui convoque tant d’images, de cultures et d’époques différentes.

Gaël Depauw
Did Eve need make-up?

Eve… la première femme (?), Est-elle (encore) vivante ? est-elle morte ?
A-t-elle été ? Peu importe, son corps a été préparé ici pour un cérémonial qui, fantasme ou réalité, l’animera via «la matière-maquillante» tout autant parure que camouflage.
Serein, en apparence inanimée, elle attend… le geste d’autrui, peut-être pour (en ce qui concerne l’Eve biblique) découvrir… ou redécouvrir (pour la petite fille qui inaugure la cérémonie) cette parure précaire dont il s’agit… Par le toucher, l’effleurement, la retenue ou l’audace du geste cru des intervenants, elle se verra travestie, enduite, lavée ( ?), souillée ( ?) pour revisiter les divers états et périodes de la Femme qu’elle incarne: ainsi peut naître aux yeux des «embaumeurs-maquilleurs» ou purs techniciens toutes les femmes rêvées, rencontrées, complètement à nu ou surchargée de matière(s).
Ils pourront alors observer la sainte, la statue glacée, la pin-up, la pute, la gamine incertaine et maladroite s’étant emparée des «trucs» de maman, la mère aux parures sobres, la morte… la fatiguée… le mur tagué, la banderole du manifestant, le drapeau…
Il s’agira, avec une inhabituelle liberté de poursuivre la construction ou la déconstruction de l’image offerte par les mains précédentes.

Qui sera-t-elle vraiment le temps de ces transformations (et en seront-elles vraiment?): un kaléidoscope de ce que l’on imagine être la «matière-femme»? Une simple toile vierge mais vivante?
De quoi se souviendront les hommes?
Oseront-ils, toucheront-ils? Et comment?
Pourquoi accepter cette invitation intime et pourtant distancée?
Et les femmes? Seront-elles plus « en confiance » ? Qui verront-elles ?
Que penseront-elles ? De quelle femme s’agira-t-il pour ceux qui auront accepté ce contact ? Pourquoi ne pas la réveiller, elle qui ne dort pas ?
Lui dire d’aller se rhabille, que de toute façon, elle peut, si elle le souhaite tant, être toutes ces femmes « reconstructibles » via la matière….

Une toile étendue qui ne serait plus à tendre? plutôt un morceau d’humanité avec ses bosses, ses creux, ses orifices… Une présence de foire ou un farce de marbre?
Ceci est une performance.

Gaël Depauw est née en 1973 et vit à Paris. Après une licence de lettres modernes option étude théâtrale, elle devient l’interprète de Jan Fabre (L’Histoire des larmes, The crying body) puis collabore avec Olivier Dubois (Pour tout l’or du monde) tout en poursuivant ses propres recherches artistiques (Did Eve need make-up?). En 2009, elle danse dans Showroomdummies de Gisèle Vienne et Etienne Bideau- Rey.
Depuis quelques années, elle collabore avec Guillaume Marie et a joué dans la performance créée au Palais de Tokyo We are accidents waiting to happen (en collaboration avec Jonathan Capdevielle) et dans le court- métrage Spinnen.

AUTRES EVENEMENTS DANSE