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Diane ?

Échanges de lettres et de dessins entre deux artistes, l’un déjà reconnu, Paul-Armand Gette, l’autre en devenir, Béatrice Cussol, autour du mythe de Diane. Une rencontre réjouissante, pleine d’impudeur et d’irrévérence, au cœur de la création.

— Éditeur : Al Dante, Paris
— Année : 2003
— Format : 21 x 15 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 64
— Langue : français
— ISBN : 2-84761-012-X
— Prix : 18 €

Diane ?
par Paul-Armand Gette (extrait, p. 4 et 6)

Dans ma famille (et quelle famille !) on aimait bien le dessin et pas beaucoup mes passions. Pas plus celle que j’éprouvais pour les petites filles que celles pour les minéraux ou les insectes, toutefois ils pensaient que, l’âge aidant, j’allais me calmer.

Dessinais-je ?
Peut-être. Quelques papillons c’est tout ce que j’ai trouvé. Je me foutais éperdument de ce que mes lamentables professeurs tentaient de m’enseigner. Ce n’était pas l’angoisse mais tout juste, plutôt l’ennui. Ceci étant dit pour la satisfaction des curieux, rideau, le premier acte est terminé.

Mais alors, dessiner, y arrivons-nous enfin ? Certainement. Par la contemplation du sujet de l’interrogation. Celle-ci conservant dans le temps sa valeur interrogative justifie la perduration de celui-là. Et toc ! On peut comprendre que dans ce cas le dessin ne soit pas le résultat d’une observation directe et immédiate mais la recomposition d’un souvenir.

Le dessin est toujours affaire d’intimité, alors… Grottes, sources, salles de bains et toilettes des musées, nymphes et déesses, nymphes des déesses, nymphes des nymphes, miction de Diane, j’avoue qu’avec de si grands débordements, je me suis un peu perdu. J’ai débordé jusque sur les lèvres et les seins de mes modèles, j’y ai retrouvé la belle pratique du coloriage. Je pensais que le dessin, mais pas seulement lui, m’aiderait dans mes tentatives de destructuration de l’ordre et je crois qu’il y a contribué avec une efficacité que la Lecture d’Hegel ne m’avait fait qu’entrevoir. Entre-deux, entre-jambes, entre-voir, voilà après tout un assez réjouissant programme !
Si ce livre commence par un dessin de 1986, c’est la faute aux nymphes. S’il se termine avec l’année 2002 c’est la faute à Diane. L’artiste est toujours irresponsable. Il est votre exutoire Dames et Messieurs, on peut l’engueuler sans risque ou le montrer aux enfants pour les faire rigoler. Beaucoup moins spirituellement que le cavalier venu des steppes, j’ai pratiqué la mise à l’envers du sujet, satisfaisant ainsi mon goût pour les renversements de situations et pour aussi me foutre, un peu, du client râleur et rare qui renâcle devant mes œuvres. Elles sont pourtant mignonnettes mes propositions, pleines de fantaisie aussi. À dire vrai j’en avais un peu marre que Diane arrange toujours son croissant sur sa tête, c’est un bel ornement certes, il conviendrait aussi bien pour marquer ses culottes, si jamais il lui arrive d’en porter, ce que je ne saurais qu’en allant y voir. Si vous les rencontrez, un jour, par hasard dans les bois, n’allez pas plus avant, c’est qu’elle est au bain et certains n’en sont pas revenus.

J’ai évoqué et dessiné le soulagement de Diane (1986) bien avant de le photographier (2001). J’ai photographié Joan, de dos, sur une balançoire (1981) bien avant de la dessiner, de face, aussi sur une balançoire (2001). Ne cherchez pas la méthode, il n’y en a pas, avant ou après ça n’a pas d’importance.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Al Dante)

Les auteurs
Paul-Armand Gette est un artiste confirmé de renommée internationale dans le domaine du dessin, de la photographie et de la peinture. Il a exposé de nombreuses fois au Centre Pompidou, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, etc.

Béatrice Cussol est une jeune artiste en vue, invitée à la Biennale de Venise de 2003. Elle vient de réaliser un projet pour Absolut Vodka. Elle a publié deux romans aux éditions Balland : Merci et Pompon.

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