Sarah Tritz
Diabolo mâche un chewing-gum sous la pluie et pense au cul
Faméliques mais toujours tirés à quatre épingles, les personnages filaires du bestiaire de Sarah Tritz cachent bien leur jeu. Sans épaisseur — on peut voir à travers malgré les parures et autres gris-gris dont ils sont affublés — les personnages qu’elle convoque à la Fondation d’entreprise Ricard, de Diabolo à Sluggo en passant par Le Géant ou La Figure assoupie, traînent derrière eux une cohorte d’invités mystères.
Ces aînés illustres ou oubliés que Sarah Tritz repêche sur le tamis de l’histoire de l’art (en convoquant avec une grande précision un petit dessin tremblé d’Antonin Artaud, un collage suturé de Francis Picabia, une peinture criarde de Dana Schutz, mais aussi les poignées de porte anthropomorphiques du Musée d’art moderne de la ville de Paris) constituent le socle très sûr des caractères, ou characters, qui peuplent son œuvre.
Et lorsqu’elle s’aventure pour la première fois du côté de la sculpture en trois dimensions, bien en chair (fût-t-elle de bois), c’est paradoxalement lorsqu’elle va chercher du côté de la platitude de la BD en mettant en scène Sluggo, jeune garçon mal dégrossi tout droit sorti d’un comics américain des années ‘50.
Et c’est encore sur le même fond coloré qui sert d’étendoir aux personnages de cette BD pop que se dessinent à la Fondation d’entreprise Ricard les silhouettes tubulaires de l’exposition de Sarah Tritz. Un théâtre miniature de noces contre nature, de couples mal assortis, qui dessine en creux une nouvelle représentation du monde à l’envers.
Claire Moulène
Sarah Tritz est une artiste française, née en 1980. Elle vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon. Son travail se caractérise par les croisements stylistiques et temporels, par l’appropriation d’objets et de références hétéroclites, voire opposés. Dans ses œuvres, l’abstraction côtoie la figuration, le dessin mène à la sculpture, la Renaissance italienne flirte avec les objets chinés ou encore le minimalisme américain jouxte des sculptures de style primitif. Ces ruptures stylistiques amènent à une gymnastique mentale qui révèle au regardeur sa propre perception.
Vernissage
Lundi 23 novembre 2015 Ã 18h