Communiqué de presse
Hubert Czerepok
Devils’s Island
Ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui intéressent l’artiste mais plutôt leur point de départ à des bascules, mutations, transformations formelles et sémantiques inimaginables.
Hubert Czerepok travaille le dessin, l’installation, la vidéo ou la photographie, choisissant toujours le médium le plus efficace pour chaque création visuelle.
L’installation vidéo proposée pour La Criée, Devil’s Island (2009), fait référence à l’île du Diable, cet îlot rocheux au large de Kourou en Guyane, célèbre pour son bagne dans lequel furent détenus de nombreux prisonniers politiques français dont Alfred Dreyfus.
Czerepok a filmé L’île du diable pour projeter ensuite ces images sur une sculpture hexagonale qui fait référence à une autre forme du pouvoir disciplinaire : le Panoptique. Matérialisé sous la forme d’un bâtiment carcéral de forme circulaire, le Panoptique permet de surveiller les détenus à chaque instant, sans que ces derniers ne puissent savoir s’ils sont observés, créant ainsi un sentiment d’omniscience invisible.
Conçu par le philosophe et juriste Jeremy Bentham en 1870, le Panoptique fera l’objet d’une étude critique par le philosophe Michel Foucault dans son livre Surveiller et Punir paru en 1975.
Hubert Czerepok a donc repris le module hexagonal du panoptique de la prison des femmes de Rennes pour enclencher dans l’espace d’exposition un tourbillon d’images et une rotation du regard qui retourne le Panoptique contre lui-même.
L’exposition accueille aussi une série de dessins, Séances, qui met en collusion des images médiatiques liées à une actualité tragique, ou encore à des séances de spiritisme ou des scènes sexuelles.
Une première série de Séances ne gardait qu’un tracé minimal de l’image.
La série produite pour l’exposition de Rennes introduit l’aplat noir qui cohabite avec le tracé linéaire.
Pour cette série, Czerepok rend hommage aux gravures de Francisco Goya sur les Désastres de guerre qui montraient dans toute leur cruauté les atrocités dont est capable l’humain.
Aujourd’hui, Czerepok revisite la violence esthétisée et produite en masse dans les médias pour rabattre l’image sur son pouvoir traumatique et critique.
L’exposition s’inscrit dans la seconde édition de PLEIN SOLEIL / L’ETE DES CENTRES D’ART.