Communiqué de presse
Torben Gielher
Devil in the Woods
La galerie Suzanne Tarasiève présente le deuxième solo show «Devil in the Woods» de Torben Gielher à la galerie. Il y a bien des manières de contempler l’art abstrait actuel dans le rétroviseur du XXe siècle. Du géométrisme à l’expressionnisme, du color-field au minimal, ces dix premières années du XXIe siècle n’ont cessé de revisiter les styles et les formes pour les renouveler complètement. La peinture, rattrapée par la technologie, a prouvé qu’elle n’était pas périmée pour autant. Les outils virtuels ont chamboulé notre système de références, modifié les réactions de nos neurones aux stimuli visuels. Les peintres se trouvent dans la situation paradoxale où ils doivent assumer l’héritage artistique et social de leurs devanciers tout en s’inscrivant résolument dans la culture contemporaine.
Pour Torben Giehler et les autres artistes de cette génération arivée à maturité au tournant du siècle, l’ordinateur, l’internet et l’interface graphique ont engendré une nouvelle phraséologie construite autour des anciens (pour ne pas dire «vieux») signifiants culturels. Le réel et la perception ont basculé de l’univers des sensations intimes de l’artiste à celui des simulations électroniques, un puits sans fond où tout devient possible, d’où sont sortis les forums de discussion, les sites de socialisation, les mondes virtuels du type Second Life et les architectures nouvelles.
Il faut aussi prendre en compte la scission du temps réel entre la matérialité concrète et l’abîme du virtuel quand on regarde les tableaux de Torben Giehler. Sa technique joue sur les variations ondoyantes de couleurs primaires et secondaires. Depuis le début, il organise constamment les nouveaux composants plastiques par rapport au virtuel. La rigueur de l’abstraction géométrique, dans la lignée des premiers modernistes jusqu’aux chartes de couleurs de Gerhard Richter, jointe à un intérêt marqué pour la topologie de l’espace architectonique, définit la sphère où évolue Torben Giehler.
Les formes issues de l’environnement naturel et retouchées au Photoshop subissent souvent de nouvelles modifications directement sur la toile, où elles s’insèrent dans des spirales de juxtapositions et superpositions. Les coulures et autres petits défauts quasi transparents contrastent avec les angles droits tirés au cordeau. La perspective est une harmonie d’antagonismes impromptus dans une gamme de tons sourds et vibrants. Ce filtrage méthodique des données numériques et des faits concrets relève d’une poétique du fragment recomposé au gré d’une libre improvisation. Torben Gielher réconcilie le flou mécanique du format jpeg en basse définition avec l’alchimie mystérieuse de la main de l’homme.
Vernissage
Samedi 10 octobre. 16h-21h.