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Devade

Catalogue rétrospectif d’un œuvre qui tisse des liens entre création artistique et engagement politique. Un hommage à un artiste mort il y a tout juste vingt ans, théoricien du mouvement Supports/Surfaces à la fin des années soixante, et proche de l’abstraction américaine.

— Éditeurs : Musée des beaux-arts, Tourcoing / Ludwig museum, Koblenz
— Année : 2003
— Format : 17,50 x 24,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 143
— Langues : français, allemand
— ISBN : 2-901440-19-3 (Fr) / 3-9807967-2-8 (All.)
— Prix : 30 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Bernard Jordan, du 22 oct. au 22 nov. 2003

Rétrospective Marc Devade
par Karim Ghaddab

L’œuvre de Marc Devade (1943-1983) entretient plus d’un paradoxe. En premier lieu, elle se scinde en un versant pictural et en un autre théorique (mais est-ce véritablement une scission ?), si bien que les uns considèrent que sa peinture constitue le véritable accomplissement de son travail, tandis que les autres tiennent ses écrits pour un apport bien plus fondamental pour le développement des problématiques contemporaines.

Par ailleurs, la représentation de Devade reste encore aujourd’hui (peut-être surtout aujourd’hui) étroitement associée aux trois années d’activité de Supports/Surfaces, jusqu’à en faire l’artiste emblématique du groupe. Comment ce glissement a-t-il pu s’opérer lorsque l’on sait que son travail excède largement ce cadre et que la constitution du groupe a d’abord été pour lui un moyen pratique d’accéder à une plus grande visibilité de son propre travail ? « Expositions de groupe qui me permirent, dit-il à cet égard, d’avancer un travail qui était déjà en contradiction avec la plupart de ses membres et qui provoqua et provoque encore malentendus et ruptures ».

Du reste, le fait que sa pratique soit toujours demeurée attachée à l’objet-tableau traditionnel indique suffisamment la singularité de cette démarche, dans un contexte où il n’était question que de reconstruction du tableau, d’exhibition des matériaux, de rupture révolutionnaire avec une histoire jugée oppressive et réifiante… Que signifie, dès lors, cette fidélité à la toile tendue sur châssis ? Quelle singularité revêtent les notions d’abstractions et de figuration, telles que Devade les définit ?

Près de vingt ans après la disparition de cet artiste majeur, la rétrospective de son travail au Ludwig Museum de Coblence (4 mai-14 juin 2003) et au Musée des beaux-arts de Tourcoing (6 décembre 2003-16 février 2004) permet de prendre aujourd’hui la mesure de ses propositions, plastiques et théoriques, de regarder enfin des œuvres quasiment inconnues, de comprendre notamment à travers sa correspondance — la complexité d’une œuvre qui demeure à la fois très connue et cependant largement inexplorée.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de la galerie Bernard Jordan, Paris)

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