Communiqué de presse
Audrey MarlhensÂ
Deuxième tableau
Cette exposition permettra de découvrir le travail de cette artiste très active à l’étranger mais encore peu montrée en France. Elle réunira deux de ses œuvres les plus représentatives, réactualisées pour l’occasion.
«What I Tell You Three Times is True» est une vidéo réalisée en 1998 dans laquelle l’artiste met en tension image et son, témoignage et jugement. Une petite fille sourde et muette y décrit une peinture représentant une scène du Jugement Dernier. Comme un guide devant le tableau, elle s’exprime avec véhémence en langage des signes. La bande-son donne à entendre une voix-off qu’on croit être une traduction simultanée. Il s’agit de la mère de l’enfant qui relate en fait l’histoire d’un autre jugement inspirée de «La Chasse au Snark» de Lewis Carroll.
L’installation «How Did I Get Here?» se compose de deux vidéoprojections, dix inscriptions sur toile et deux découpes lumineuses. Chaque élément se répète à l’identique dans l’espace adjacent, suscitant chez le spectateur une impression de déjà -vu. Un texte en français défile sur les murs à la manière d’un prompteur géant livrant des indications sur un personnage et son environnement, et sur un scénario possible. Paradoxalement, les dialogues, en anglais et en espagnol, sont figés sur les tableaux. L’espace, à la fois scénique et narratif, inscrit le spectateur dans une temporalité spécifique —celle de la lecture— et l’invite à interpréter un rôle sous la lumière des projecteurs.
Audrey Marlhens use du décalage (image/son dans un cas, dialogues fixes et scénario en mouvement dans l’autre) et de la superposition de différentes langues pour dérouter nos habitudes de perception.
Son travail, imprégné de l’univers cinématographique, interroge les conditions de la prise de parole (d’où je parle? pour qui je parle? à la place de qui?), l’artiste déléguant souvent sa voix ou sa place à d’autres (qu’il s’agisse d’acteurs avec lesquels elle collabore ou du public lui-même). Cette exposition met en scène le langage sous toutes ses formes —écrit, oral, gestuel— et transforme le spectateur en interprète.