Lee Ungno, Han Mook
Deux peintres modernistes coréens à Paris
Lee Ungno et Han Mook appartiennent à la génération des tout premiers modernistes coréens. Ils ont été choisis pour l’originalité de leur parcours mais aussi pour le caractère atypique de leur œuvre. Tous deux ont décidé, à un moment crucial de leur vie et de leur carrière, de quitter leur pays natal, la Corée, pour s’exiler artistiquement à Paris, la ville du « premier » art moderne qui alors synthétise tous leurs rêves et aspirations. Ville dont l’aura imprégnait encore les artistes coréens.
En dépit d’une éducation forgée dans les écoles d’art du Japon – puisqu’il s’agit alors de la puissance occupante – et bien que cela permette aux artistes coréens de côtoyer l’art moderne – même si cela se fait sur le mode de la reproduction – le désir de se rendre aux sources reste vivace et légitime. La fin de la guerre de Corée en 1953 et la partition du pays va bouleverser la scène de l’art moderne coréen.
Lee Ungno (1904-1989) fait un premier séjour à Paris en 1957. Il s’y établit définitivement en 1959 pour y décéder en 1989. Un séjour forcé en Corée de 1967 à 1969 en prison sous l’accusation fallacieuse d’espionnage au profit de la Corée du Nord le laisse très affecté. On peut dire de Lee Ungno qu’il s’agit de l’archétype de l’artiste «transmoderniste», car il conserve ses traditions orientales mais reste au service d’une réflexion moderne et métisse au contact de l’art le plus international de son temps, comme en témoigne sa collaboration avec la galerie Fachetti située à Paris. Cette dernière alors présentait les expressionnistes abstraits.
Han Mook (né en 1914) s’installe à Paris en 1961 et y vit depuis. Il connaît une trajectoire indépendante et isolée, menant dans les années 1970 à 1990 une abstraction éblouissante et totalement originale. Il s’agit alors de ce que l’on pourrait nommer un outsider, ne serait-ce qu’en raison de sa grande liberté et de sa légèreté, tout en utilisant un vocabulaire emprunté à la profonde abstraction internationale. Il mêle cette dernière à des couleurs vives et des motifs courbés et discontinus. Après 1969 et la mission Apollo sur la Lune, il fut si choqué que tout son travail aspirait à plonger dans l’espace cosmique et stellaire. Ayant plus de cent ans aujourd’hui, en homme sage, il conserve l’esprit orienté vers une forme d’infinitude.