Le recul du religieux et la désertion des églises n’ont pas prise à la galerie Ghislaine Hussenot. C’est en effet là que l’art chrétien émerge de la léthargie de notre époque contemporaine. Slawomir Elsner, un peintre polonais travaillant à Berlin, adapte les dogmes de l’art religieux aux exigences réalistes et sociales d’aujourd’hui sans contrefaire l’un ou l’autre.
Des rues hivernales, un SDF poussant un cadi, etc., ce réalisme jamais bien pensant ou revendicatif modèle un sous-texte digne de Piero della Francesca. D’une certaine manière, l’artiste dynamite l’Arte povera en le prenant au mot et fait de «l’art pauvre» un «art du pauvre». Derrière ces silhouettes de mendiants, masses anonymes cachées sous des piles de sacs, c’est saint-François d’Assises qu’il faut deviner.
La voûte céleste s’accroche ainsi au manteau d’un clochard, l’étoffe se clairsemant d’étoiles sur un fond bleu roi. La silhouette au pochoir, cliché des années 70 et 80, se réinvente soudain en linceul du Christ, inversant la figuration miraculeuse du saint visage par sa soustraction. C’est d’ailleurs l’un des traits saillants de cette exposition Deux couleurs où la peinture gravite autour du portrait mais s’en tient à distance.
L’art plastique revient à une conception minimale de la surface (le mur), jouant sciemment de l’aplatissement de la perspective et du découpage géométrique de l’espace. D’où cette série représentant des pièces vides dont l’état des murs et des sols (tâchés, ou les tentures arrachées) trahissent l’abandon.
Elsner revient aux bases spirituelles de l’art qui, au mépris de sa propre histoire, s’est endormi dans l’esthétique.
Slawomir Elsner
— Panorama 24 (Air Refresher), 2006. Oil on canvas. 75 x 60 cm.
— Panorama (Polski Fiat) (22), 2006. Oil on canvas. 45 x 65 cm.
— Panorama (How To Sit Properly) (26), 2006. Oil on canvas. 35 x 24 cm.
— Untitled (10), 2006. Oil on canvas. 115 x 130 cm.
— Panorama 20 (Terrorists), 2006. Oil on canvas. 40 x 30 cm.
— Panorama 19, 2006. Oil on canvas. 40 x 35 cm.
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