— Éditeur : École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris
— Année : 2003
— Format : 16,50 x 22,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 135
— Langue : français
— ISBN : 2-84056-127-1
— Prix : 20 €
David Smith, la probité de son art
par Robert Storr (extrait, p. 21)
David Smith fut un dessinateur prolifique. Toute sa vie, il nota des idées de sculptures, entrecoupées de commentaires explicatifs, de digressions philosophiques, et conserva des coupures de presse qui lui inspiraient de nouvelles idées ou confirmaient ses intuitions. Pour la plupart, ces notations au fil de sa réflexion remplissent des carnets de croquis, mais il réalisa aussi un grand nombre d’œuvres sur papier — quelques-unes seulement au trait, d’autres en valeurs — parmi lesquelles ont été choisies celles qui composent l’exposition. Cet ensemble est remarquable par sa diversité tant sur le plan de l’iconographie, de la facture, que du parti formel. D’un côté, on rencontre d’amples dessins linéaires à l’encre qui paraissent pleinement appartenir au gestualisme « automatique » de l’Expressionnisme abstrait, mais les variantes de Smith sur cette technique témoignent d’une énergie sourde, totalement différente des entrelacs exubérants des grandes compositions classiques de Pollock. À l’autre extrémité se situent les dessins à l’aérosol — parmi les toutes premières œuvres réalisées avec cet outil à l’origine des graffitis actuels — dont les formes silhouettées préfigurent ou reprennent celles de ses sculptures plutôt frontales dans l’ensemble. Mais, pour les raisons évoquées plus haut, les œuvres de Smith en trois dimensions ne jouent jamais uniquement sur l’effet optique et son œuvre en deux dimensions porte aussi les marques de la qualité tactile et du défi aux lois de la pesanteur de ses constructions en métal soudé. En fait, ces dessins sont nés de l’habitude qu’avait l’artiste de bomber ses assemblages quand ils gisaient encore en morceaux sur le sol. L’un d’eux, qui date de 1962, est une étude préparatoire à Primo Piano II ou a été réalisé d’après cette sculpture que l’on peut admirer juste de l’autre côté de la Seine. Par leurs chatoiements et leurs recouvrements, ces transcriptions directes de formes n’en rappellent pas moins, paradoxalement, les photogrammes de Laszlo Moholy-Nagy et de Man Ray, faisant basculer ce procédé parfaitement concret vers une objectivité étonnamment dématérialisée — évanescence que seules les gouttelettes de pigments brillants et palpables empêchent de se résoudre en pur phénomène rétinien.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris)
Les artistes
David Smith est né en 1906 à Decatur, Indiana, États-Unis. Il est mort en 1965 à Bennington, Vermont, États-Unis, des suites d’un accident de voiture.
Alain Kirili est né en 1946 à Paris. Il vit et travaille à Paris et New York.
Les auteurs
Candida N. Smith est la fille de David Smith.
Robert Storr est critique d’art.