Aurélie Nemours
Dessins d’atelier
Avant de se tourner définitivement vers l’abstraction géométrique, Aurélie Nemours (1910-2005) fréquente de 1937 à 1948, les ateliers d’André Lhote et Fernand Léger. Elle en retiendra du premier la leçon de déconstruction cubiste des formes et du second la part prépondérante de la sensualité dans l’acte de peindre.
L’artiste a eu l’occasion de travailler d’après le modèle vivant, et sous la direction de ses maîtres, de rechercher dans le motif les rythmes et les quantités, la direction des formes et les rapports qu’entretiennent entre eux les éléments, d’apprendre la composition et les façons de structurer l’espace.
Comme le remarque Serge Lemoine dans le livre qu’il lui a consacré en 1992, Pastels d’Aurélie Nemours: «Si elle exécute ces études avec les moyens habituels, la plume et l’encre, le crayon noir ou de couleur, elle privilégie très tôt le pastel. A partir d’un motif généralement constitué de personnages debout ou assis dans un intérieur, elle travaille des séries. A voir leur succession, ce qui frappe, dans ces motifs sans cesse repris et interrogés, outre l’importance donnée à la couleur, réside dans la façon dont le thème évolue et dont les éléments se transforment. L’artiste improvise. Elle commence son étude de manière spontanée en laissant courir la main, en privilégiant le geste, puis construit sa composition, en la dirigeant vers une simplification qui aboutit à la perte de lisibilité du motif.
A partir de 1949, Aurélie Nemours est donc un peintre abstrait. Elle doit sans nul doute y être parvenue grâce à l’apprentissage qu’elle a reçu et qu’elle a considéré comme un «luxe». Son long passage dans les ateliers l’a à ce point familiarisé avec le cubisme qu’elle a tiré pour elle-même la leçon: se passer du sujet, ne retenir que les formes «pures» et s’exprimer par la voie de l’abstraction.»