Communiqué de presse
Alina Szapocznikow
(Dessins)
La notoriété posthume et non usurpée d’Alina Szapocznikow (1926-1973) nous rappelle l’étonnante persistance avec laquelle l’histoire de l’art continue de s’écrire sans cesse. Rescapée des camps de concentration nazis, cette artiste, dont l’oeuvre résonne d’une ultra contemporanéité en dépit de son historicité, débute sa carrière en Pologne, après un court passage à l’École des beaux-arts de Paris, dans un style conforme au contexte politique du moment: un style puissant à vocation monumentale et héroïque, dont elle s’affranchira peu à peu pour s’en libérer totalement lors de son installation définitive à Paris entre 1962 et son décès en 1973 à l’âge de 47 ans.
L’art qu’elle va alors développer, à la fois empreint d’une sexualité manifeste non dénuée d’humour, mais aussi chargé d’un certain malaise, utilisant les techniques les plus novatrices (mousse polyuréthane et résine polyester), pourrait la rapprocher d’une esthétique héritière du surréalisme si le caractère étonnamment inventif et coloré des oeuvres n’en faisait une sorte de pionnière pop européenne. A côté des sculptures-objets (dont les extraordinaires lampes-bouches et les moulages-coussins de ventres) à présent internationalement redécouverts, les dessins datés de la fin des années 50 et du courant des années 60 permettent de saisir la pleine dimension d’un univers non réductible à quelque médium.
Parce qu’ils contiennent toute la dimension matricielle du travail de sculpture, tout en l’excédant, ces dessins s’en évadent par le registre, et parviennent à dire, tout à la fois, la légèreté, la suspension, en même temps que l’attachement à de récurrents jeux de formes embryonnaires comme en lointain écho à la sculpture. Dessins au feutre, au stylo à bille, aux crayons de couleurs, à l’encre, parfois combinés à l’aquarelle, monotypes, ils font émerger des mondes où se nouent les obsessions de l’artiste d’un imaginaire proliférant affirmant leur implacable réalité intrinsèque.
L’exposition à la galerie Loevenbruck présentera un ensemble de dessins, datés de 1959 à 1972, parmi les plus caractéristiques de l’oeuvre graphique de l’artiste. Tous proviennent de la succession de l’artiste.
Patricia Brignone
Vernissage
Jeudi 10 mars 2011. A partir de 18h.
critique
(Dessins)