ART | EXPO

Dessins

08 Oct - 05 Déc 2015
Vernissage le 07 Oct 2015

Le Frac Languedoc-Roussillon présente les dessins de Daniel Dezeuze, membre fondateur de Supports/Surfaces en 1969 dont on retient généralement le caractère poétique mais emblématique d’un travail qui porte sur la matérialité du tableau. Ici les dessins conservent une légèreté témoignant d’une liberté d’esprit à la fois pertinente et sagace.

Daniel Dezeuze
Dessins

Artiste fondateur du mouvement Supports/Surfaces, Daniel Dezeuze (né en 1942 à Alès et qui vit et travaille à Sète), est reconnu pour en être également l’un des principaux théoriciens. Mais, si sa pratique d’artiste s’est nourrie d’une capacité d’analyse et d’une pensée de l’art l’inscrivant toujours dans la société et l’histoire, Daniel Dezeuze a également toujours su se méfier des pesanteurs inhérentes aux métiers de l’art, comme aux prétendus «savoirs» qui entendent en justifier l’existence.
Comme sa poésie, incisive et humoristique, le dessin est pour l’artiste une façon de regarder le monde de manière légère. Plus qu’un genre hérité des beaux-arts, il lui a été, à toutes époques de sa vie, un moyen pour conserver un certain état d’esprit: rien d’autre qu’une gaité qui sape toute amorce de posture artistique, de rigidité critique, de prétention novatrice (voire révolutionnaire), de conscience «d’artiste devant-faire-OEuvre», bref de sérieux!
Au-delà du «grand dessinateur» que l’on sait être Dezeuze, c’est donc cette liberté d’esprit que l’exposition organisée par le Frac Languedoc-Roussillon entend mettre en évidence. C’est la raison pour laquelle le choix des dessins présentés (une cinquantaine environ, la plupart de grand format) a été réalisé de façon plutôt intuitive, avec l’assentiment distancié de leur auteur. Dessins réalisés au cours de quelques voyages, ramenant par exemple de Chine des images pleine d’ironie où des Bouddha rigolards rivalisent de couleurs vives, tandis que sur un mur de la rue Castilhon, un ensemble de collages réalisés dans les années 1960 et 1970 rendront compte de ses années mexicaines et canadiennes; dessins d’insectes, notamment les merveilleux papillons qui sont l’expression la plus claire de la légèreté; dessins de plantes inspirées de celles de son jardin (parmi eux, certains ont été présentés il y a quelques années par le Centre Pompidou); dessins d’armes et de forteresses, qui suggèrent des espaces ouverts, fermés, des projections, des chutes, des vues aériennes, des plans…; dessins de sectes hérétiques, dont ces gnostiques qui hantent la rêverie de l’artiste sur un «au-delà» qui ne serait pas directement exprimable ; dessins parfois abstraits, venus de la délivrance de quelque force du corps penché sur la table et lâchant sans calcul un trop plein d’énergie et de joie…Pratique «a-théorique», le dessin relève par conséquent autant d’une philosophie de la vie que du domaine de l’art. Il est un langage, et tout langage est universel: quelques objets relevant de l’écriture rendront compte de la question éternelle de l’origine des signes au moyen desquels les humains ont appris à signifier le monde, à communiquer et à s’exprimer. Daniel Dezeuze nous suggère, par sa propre liberté, que cet apprentissage n’est pas tant une technique qu’une forme double d’intelligence et de simplicité, et appartient à chacun.
À nous de le suivre dans cette aventure.

Emmanuel Latreille
Directeur du Frac Languedoc-Roussillon
Commissaire de l’exposition

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