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Design libre à édition

Chaque année depuis 1981, le Via lance un appel à projet auprès des jeunes diplômés des écoles de création. Les dossiers retenus bénéficient d’un financement et d’une assistance pour la réalisation d’un prototype. Ceux-ci sont ensuite présentés lors de salons professionnels et n’accèdent au grand public que lorsqu’ils trouvent un éditeur. L’originalité et l’intérêt de cette exposition est précisément qu’aucune des 43 pièces présentées n’a (encore) passé le stade de la commercialisation.

Le programme peut s’enorgueillir de compter parmi ses bénéficiaires la plupart des designers qui occupent aujourd’hui le devant de la scène. C’est sans doute pour rappeler cette vocation de « révélateur de talents » que la sélection des pièces figurant dans l’exposition commence au milieu des années 90 : à cette époque, les lauréats s’appelaient Ronan Bouroullec, Christian Ghion et Patrick Nadeau.

Le parcours proposé par la galerie, qui ne semble suivre aucune logique, est assez déconcertant :  les prototypes ne sont regroupés ni par date de création, ni par unité de forme, de matériaux ou de techniques de fabrication. Le visiteur doit par ailleurs se contenter d’une information minimale : nom de la pièce et de son créateur, année de sélection du projet, matériaux utilisés et dimensions. Si l’intention est de traduire la diversité de la création contemporaine ou la liberté offerte par les critères d’attribution des Aides à projet, l’objectif est atteint.

Derrière l’éclectisme apparent se dessinent pourtant des préoccupations communes. Au première rang desquelles, la flexibilité : les bibliothèques d’Itamar Burstein et de Thorsten Franck sont modulaires et évolutives, l’ensemble Hudini de Laurent Janvier peut prendre à la fois la forme d’une table basse avec deux tiroirs et d’une table haute et quatre assises, les chaises jumelles (Twin Chairs) de Philippe Nigro, l’une en bois et l’autre en métal. n’en forment plus qu’une lorsqu’elles sont empilées.

Sans surprise, le souci de préserver l’environnement arrive également en tête des priorités. Il constitue, depuis 2008, l’un des critères de sélection des Aides à la création. « Good design » rime donc désormais avec éco-design et la devise « Less is More » de Mies van der Rohe doit s’entendre aujourd’hui dans le sens : « moins d’énergie, moins de matériau, moins de rebus ». Cette recherche se traduit à la fois par un retour aux matériaux traditionnels (le bois est présent dans plus de la moitié des pièces présentées) et par l’utilisation de certains procédés industriels étrangers au monde de l’ameublement. Le tabouret Particule d’Adrien Rovero met ainsi à profit une technologie issue du marché de la palette.

L’environnement naturel apparaît également comme une source d’inspiration formelle : l’étonnant luminaire Pull Over de Bina Baitel évoque une chanterelle géante. La lampe grimpante, de Joran Briand semble gravir le mur comme une tige de lierre. Les audaces de forme se font pourtant rare, de même que les couleurs vives. La plupart des créateurs semblent privilégier une esthétique discrète et une logique fonctionnaliste, à l’instar d’Antoine Phelouzat, dont la chaise Corcy rappelle la chaise Sim de Jasper Morrison.

 

Bina Baitel
— Luminaire Pull Over, Aide à projet Via 2008
Laurent Janvier
— Ensemble table & assises Hudini, Aide à projet Via 2004
Itamar Burstein
— Bibliothèque Offset, Aide à projet Via 2007
Adrien Rovero
— Tabouret Particule, Aide à projet Via 2008
Joran Briand
— Luminaire Lampe grimpante, Aide à projet Via 2009
Philippe Nigro
— Chaise Twin Chairs, Aide à projet Via 2009

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