Né en 1930, Knud Holscher commence sa carrière dans le cabinet d’études de l’architecte Arne Jacobsen où il supervise notamment le design et la construction de St Catherine’s College à l’Université d’Oxford. Il concluera ensuite nombre de partenariats et créera son propre bureau de design, Knud Holscher Design.
De l’architecture au design
Bien qu’architecte de formation, et maître d’œuvre d’importants projets comme la construction de l’aéroport de Copenhague et de l’Université d’Odense, Holscher est certainement connu pour ses réalisations en matière de design industriel. Il a dessiné des lampes, des poignées de porte, des sièges de toilettes, des stylos et même des poussettes.
Si ses réalisations sont fonctionnelles, elles n’excluent toutefois pas l’esthétique des formes. Peut-être concrétisent-elles l’idéal de l’école du Bauhaus dans les années 1920 selon lequel les produits industriels seraient aussi reconnus et prestigieux que ceux de l’artisanat. Car Knud Holscher a réussi à transposer le savoir-faire de l’artisanat nordique à son design industriel. Les éléments s’assemblent et composent un tout harmonieux et esthétique. Le choix des matériaux, la fonctionnalité et la standardisation trouvent à s’accorder. Telle est l’évidence qui définit le design selon Knud Holscher.
Cette certitude qui unit fonctionnalité et esthétique, doit beaucoup à Mies van der Rohe, principale influence de Holscher. Mies van der Rohe, architecte et designer allemand, a travaillé à ses débuts sous la direction de Peter Behrens dans le bureau d’architecture duquel il a été formé aux côtés de Le Corbusier et Walter Gropius, le futur chef de file du Bauhaus. Faisant sien le principe esthétique Less is more, il pensait qu’il était aussi difficile de dessiner de petits objets qu’un immeuble de plusieurs étages, et considérait avec un même sérieux chacun de ses projets, quelle qu’en soit l’ampleur.
Design au quotidien
L’exposition « Knud Holscher – Design au quotidien » organisée par la Maison du Danemark montre à quel point l’exigence de qualité est au fondement de sa « morale » esthétique. Et cette exigence se comprend aisément, simplement : Holscher est attentif aux matériaux qu’il utilise pour créer couverts ou meubles de cuisine ainsi qu’à leur durabilité. La célèbre D line, série qui comprend plus d’une centaine de pièces en métal, en est l’exacte concrétisation.
Ses objets se veulent le prolongement naturel et direct du corps humain, comme cette poignée de porte dont la forme même indique la manière de la saisir. Pour Holscher, non seulement la forme de l’objet exprime sa fonction et sa solidité dans le temps, mais rend visible sa fonction propre.
A l’occasion de cette rétrospective, Knud Holscher et son ami de longue date, le menuisier danois Ejnar Pedersen, collaborent une nouvelle fois à la fabrication d’une chaise ironiquement appelée « avant-dernière chaise ». Ce projet permet alors d’allier le souci de l’artisan à l’intelligence oculaire du designer.
Enfin, un bref film trace le portrait de Holscher et rend plus sensible les orientations de son travail, lequel trouve à se refléter fidèlement dans la conception et l’agencement de sa maison située près de Copenhague, où il a été en partie tourné.