Uri Aran, N.Dash, Hubert Duprat, Ajay Kurian, Matt Sheridan Smith, Josh Tonsfeldt
Desert Plains and Internet Memes
Il y a des milliers d’années, les Incas utilisaient des fils de soie pour communiquer. Ils les tressaient afin de former des motifs colorés qui leur permettaient de remplacer toute forme conventionnelle d’écriture. Les ordinateurs ont, quant à eux, été inventés il y a tout juste quelques décennies, rendant possible la prolifération de douzaines de nouveaux langages qui se sont répandus digitalement à travers le monde, tout en donnant accès à des domaines et des environnements qui n’avaient jusqu’alors jamais été envisagés même par les esprits les plus fous.
Il y a quelques millions d’années, la vie végétale a commencé à interagir avec son environnement afin de comprendre le monde qui l’entourait, et ainsi, de s’assurer la continuation de sa propre prospérité. Pendant des années, ces ajustements ont eu lieu, mais de façon tellement lente que leur mise en œuvre est presque passée inaperçue.
Plus récemment encore, les humains ont entrepris de cartographier leur propre code génétique, ce qui leur a permis de dévoiler d’étranges passerelles ayant tendance à prouver que l’essence de l’être humain ne pouvait aucunement se réduire à une liste d’informations constitutives.
Cela nous permet de prendre acte du fait qu’une nouvelle étape de l’évolution a été franchie, une étape au cours de laquelle certains codes ont été chamboulés et dont l’information contenue ne sera jamais inscrite dans la transmission des nouveaux codes qui sont en train d’être écrits, produits et adoptés. Tout compte fait, le cours de l’histoire n’est pas uniquement en train d’être répertorié par l’être humain ou par les choses l’ayant précédé.
Cette exposition traite des langages cryptés contenus dans les objets et des efforts que nous produisons pour les traduire. L’âge d’un arbre est donné par les cercles de son tronc; la beauté d’une géode et de son cœur cristallin n’apparaît qu’une fois celle-ci ouverte; de même …. , longtemps considéré comme une forme naturelle dépourvue d’intelligence, est à présent perçue comme le vecteur d’une intelligence collective lui permettant de se diriger dans un labyrinthe de la même façon que le ferait un animal quelconque. L’exposition réunit des artistes dont le travail est davantage à rapprocher d’une archéologie du passé et du futur, de la nature et de la culture, tout en ignorant la dichotomie existant entre les deux.
Cependant, le propos de cette exposition n’est pas de prouver qu’il n’y a pas de différence entre un fourmilier et un aspirateur, mais plutôt de dire qu’elle évoque l’infiniment grand, l’écologie, l’évolution idéologique et linguistique en un mot qu’elle parle d’un monde qui n’aurait pas seulement été façonné par l’homme mais aussi par les minéraux, les microbes ou les végétaux pour n’en citer que quelques uns.
Au fur et à mesure que ces deux idées de traduction et de cryptage se développent à travers l’organique et le digital, l’imaginaire et le réel, le passé et le futur, nous nous retrouvons peu à peu dans un jardin très lointain dans lequel des réseaux hexagonaux de nanotubes renferment le poids du futur, où des plantes secrètent des substances qui pourraient nous aider à résoudre les problèmes de l’humanité, ou des représentations conflictuelles se battent pour proclamer leur réalité et où des sédiments se fixent sur le dos de vertébrés; tout cela nous montrant que le medium est finalement le message, un message ancré dans une digitalisation fossilisée.
Vernissage
Jeudi 24 octobre 2013 Ã 18h