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Des italiens

Dans cette exposition proposée par Chloé Braunstein et Sophie Maynier de la galerie Mouvements modernes, les italiens sont ceux-là même qui ont gravé leurs noms dans les tablettes de l’histoire du design contemporain. Des noms qui font rêver et qui, depuis les années 60, ont réinventé un langage radical. Ils n’ont cessé de marquer de leurs citations l’histoire du meuble contemporain se renouvelant au fil des décennies. Ils ont utilisé la forme, la matière, la couleur pour interroger le contexte domestique.

Architectes, ils imposent leur expression dans l’espace par une présence, des signaux et une écriture rigoureuse. Le volume de la pièce est réinventé dans une perspective hédoniste, ils recréent des plans, des alcôves, des hiérarchies dans l’usage.
Gae Aulenti, figure incontournable de la décoration, pose avec douceur un plan épuré de table basse.

Andrea Branzi est le théoricien engagé d’un questionnement sur la représentation du meuble. Il propose un cabinet Le Jardin aux citrons jaunes, une pièce exceptionnelle qui pose l’idée de l’infini et de la ligne de fuite, un espace clos magnétique. Les maquettes présentées pour les banquettes de la série Animali domestici et celles du projet Gazebo pour l’exposition à la Fondation Cartier (2008), témoignent de sa capacité juvénile à interroger la matière, les couleurs et les volumes. Son impertinence et son humour le place depuis plus de 40 ans dans l’actualité.

Alessandro Mendini, dans une esthétique radicale, invente avec le cabinet Ollo (1986), un totem domestique de forme basique, combinaison symétrique et colorée aux dessins géométriques. Le motif et les aplats de couleurs vives  participent de l’illusion dégagée par ce meuble à mystère.

Avant de nous quitter en 2007, Ettore Sottsass produisait avec la même énergie qu’en 1947, lorsqu’il ouvrait son atelier à Milan. Le cabinet-bureau Forestia (2002) en est encore un témoignage. Il pose la question de l’enfermement lié aux pratiques internet, et à l’usage intensif de l’ordinateur. La solitude induite par ces nouvelles technologies est détournée par un dispositif fictionnel. La boîte-bureau est tapissée de miroirs qui renvoient l’image de soi ou de l’autre, des suspensions aléatoires s’animent avec le mouvement de la vie. Il  recrée ainsi un paysage domestique, boite dans la boite, lieu de vie et d’étonnement.

Paolo Deganello, lui, invite le biomorphisme de Carlo Mollino, le brutalisme de Ron Arad, le langage décoratif de Fortunato Depero, pour une série de tables basses. Il assemble verre, décalcomanies, bois et béton pour de véritables palettes domestiques.

L’économie du design italien a toujours été porté par des éditeurs actifs. Danese a introduit dans tous les espaces de la maison et du bureau des accessoires dont la grande élégance et le minimalisme sont signés Enzo Mari. Des objets, aussi simples et anodins qu’un portemanteau et une coupe, imposent leur subtile géométrie dans la galerie…

La présentation chez Mouvements modernes, hétéroclite, dégage pourtant un sentiment d’unité indéfinissable. Une empathie se dégage de toutes les propositions, un désir d’étonner et de convoquer l’intelligence. Encore une fois les italiens font la démonstration de leur incontestable suprématie pour inviter l’art en design…

Michele de Lucchi
— Maquette pour l’hôtel Medea, 2006. Bois. 110 cm.
Andrea Branzi
— Maquette du projet Gazebo pour la Fondation Cartier, 2008. Matériaux divers. 90 x 70 x 50 cm.
Paolo Deganello
— Table basse, 1985. Verre, décalcomanies, bois et béton. 37,5 x 160 x 63 cm. Editions Cassina.
Alessandro Mendini
— Cabinet Ollo, 1986. Bois laqué. 230 x 46 x 46 cm. Musée Alchimia.
Bruno Munari
— Paravent Phiegevole, 1988. Métal laqué. 160 x 150 x 5 cm. Editions Zanotta.
Ettore Sottsass
— Bureau Foresta, 2002. Bois, laminées, bois laqué, cristal, alluminium. 200 x100 x166,5 cm.
Marco Zanusso
— Lampe à poser 275, 1965. Métal poli, Plexiglas. 35 cm. Editions O’Luce.

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