DESIGN | EXPO

Des Italiens

05 Fév - 28 Mar 2009
Vernissage le 05 Fév 2009

Travaillant en groupe ou en solitaire, les designers italiens émancipent le design de l’architecture et donnent naissance à un art de vivre, porteur d’une véritable philosophie domestique. Une aventure esthétique et théorique racontée ici par Mouvements modernes.

Gae Aulenti, Andrea Branzi, Alessandro Mendini, Ettore Sottsass, Enzo Mari, Paolo Deganello, Michele de Lucchi, Nanda Vigo, Bruno Munari, Marco Zanusso, Luciano Gaspari, Pierro Castiglioni
Des Italiens

Ces hommes et ces femmes ont travaillé à formuler de « nouveaux paysages domestiques » dès le milieu des années 1960, jusqu’à l’explosion médiatique du groupe Memphis en 1981, puis encore… Les croisements, les débats et les propos échangés, les actions, les travaux partagés, menés furent nombreux. C’est une spécificité du design italien, le paysage humain ainsi suggéré est à la fois mouvant et stable. Les uns et les autres passent d’un projet à l’autre, d’un groupe à l’autre avec d’autres, mais les acteurs majeurs sont les mêmes : les filiations et les cousinage se construisent intellectuellement sans être complètement formels. Ils ont également suivi des chemins individuels. Et chacun ici présente son travail. La bienveillance des visages et des propositions nous frappe. Les pièces des « italiens » rassemblées par la galerie Mouvements modernes sont empreintes d’une attention aimable et salutaire, hors même le fait qu’elles ont à voir avec la question prosaïque de l’intérieur des maisons.

Quelle que soit l’échelle de l’objet choisie, petite, les vases Eucobigno ou Italico (A. Branzi, 2006), petite dans grande ou grande dans petite,  la maquette d’architecture de Micchele de Luchi (Maquette de l’hôtel Medea, 2006) ou celle du Gazebo de la Fondation Cartier (Andrea Branzi, 2008),  grande comme le lampadaire Golden Gate (1970) de Nanda Vigo, — mais petit en comparaison de la référence d’origine —, le cabinet Foresta (2002) de Ettore Sottsass… aucune pièce ne propose un modèle pré-établi d’objets. Les designers italiens, contrairement à leurs pairs germaniques ou anglo-saxons, n’ont jamais modélisé les intérieurs, le mobilier et les objets des maisons, même si l’histoire classique de l’architecture s’en est chargée pour les extérieurs. La propension historique à mélanger bel arte et bel design dans les palais, en est l’indice.

Le design italien propose une construction à la fois esthétique et théorique, une projection mentale et physique émancipée de l’architecture. Il n’y a donc pas exactement un modèle esthétique qui puisse être reconnu comme le modèle Italien. Ce fut la force du design radical et du nouveau design, établissant l’autonomie du designer et de la discipline à partir du milieu des années 1960.  La production italienne propose, en fait, plus qu’un art de vivre, une philosophie, non pas esthétique mais empreinte d’une sorte de qualité physique qui fait du design un phénomène non monolithique dont l’artisanat et les industries ne sont pas absents.  Le designer « fait » , avant tout, ses recherches et « développe » son travail. Il permet à chaque fois la refondation du design en symbiose avec la culture, la nature, la technique et l’expressivité des formes. C’est ainsi que vases, lampes, coupes et tables des Italiens vibrent d’une qualité essentielle : la bienveillance sereine que donne la sensation de l’accomplissement.

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