Présentation
Denis Rouvre
Des Français… Identités, territoires de l’intime
Depuis 1992, Denis Rouvre tire le portrait des stars qui s’affichent. Depuis quelques années, ses séries personnelles l’amènent à poser son regard sur des êtres anonymes aux vies ordinaires et aux destins extraordinaires, ceux qu’il nomme lui-même ses «figures héroïques».
De la Bretagne à la côte basque, de la Vendée à l’Alsace, le photographe a fait un tour de la France pendant deux ans, parcourant les villes comme les campagnes et emmenant dans sa roue des Français qu’il a photographiés et interrogés. A partir de ces textes et photographies, il a produit une installation qui pose la question de l’identité.
À l’heure de la mondialisation et, simultanément, de la tentation sectaire du repli, il a demandé à chacune des personnes rencontrées qu’est-ce qu’être français aujourd’hui. Il a recueilli des centaines de témoignages de femmes et d’hommes et a su voir dans ces personnages ordinaires des héros extraordinaires. Il présente leurs visages éclairés sur fond noir, comme dans les portraits de la Renaissance, leur conférant ainsi une allure noble.
Ce projet a été également l’occasion de donner la parole à tous ceux que l’on ne consulte pas d’habitude, ces anonymes dont le corps, les postures, les mots, tantôt offensifs, tantôt hésitants, définissent une géographie à échelle humaine, un territoire où l’homme se tient debout, quelles que soient les frontières. (D’après un texte de Natacha Wolinsky)
L’exposition est présentée à l’Église Sainte-Blaise, dans le cadre des Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, du 7 juillet au 21 septembre 2014.
«A chaque visage qu’il saisit, l’objectif de Denis Rouvre donne une singularité. Aucun doute, nous sommes chaque fois devant quelqu’un. Le visage nous frappe par son être là — et bien là ! C’est une «gueule», comme on dit.
Mais quand on demande à cette gueule de se définir, la complexité s’en mêle, ce qui se dit n’a pas la netteté de ce qui se voit, en un mot ça s’humanise et l’image se brouille. L’homme est un être flou qui cherche à faire le point […]
Longue et lancinante poétique où le «je» dit l’ici et où «l’être» dit l’ailleurs.
C’est un cœur que j’entends battre, le cœur d’une humanité qui se projette de l’intime à l’étranger et de l’étranger au plus intime, du maintenant aux origines et des origines à l’instant même, un cœur qui bat dans l’espace et dans le temps, un cœur qui accepte et qui refuse, qui embrasse et qui rejette, un cœur qui pose une question et un visage qui est une réponse, chaque photo le prouve, — et quelle réponse! — , mais bon dieu à quelle question?
Quant à moi, en refermant ce si beau livre, je me sens seul comme l’homme, et comme lui innombrable.»
Daniel Pennac
Sommaire
— Préface, par Daniel Pennac
— Introduction, par Natacha Wolinsky
— Œuvres
— Remerciements