Paul Armand Gette
Des Calcinations au Jaune de Naples
Doit-on encore dresser le portrait de Paul Armand Gette, artiste autodidacte, expert en botanique et en géologie, qui prend un malin plaisir à brouiller les pistes avec un travail singulier qui confronte art et nature, corps et paysage?
Pour cette exposition intitulée «des Calcinations au Jaune de Naples», l’artiste renoue avec quelques Å“uvres du passé, les Calcinations, qui datent des années 60. Elles ne sont en aucun cas des représentations d’objets brûlés, mais des reliefs en papier imprégné d’émulsion de résine vinylique chargée d’oxyde de fer noir. Par leur noirceur, elles étaient pour l’artiste un moyen de faire table rase et d’ouvrir la voie à d’autres préoccupations.
Le noir est également la couleur de la lave volcanique qui nous rapproche du Vésuve et de Naples. Subissant un complot amical en 1989 orchestré par Jean Digne, alors directeur de l’Institut français de Naples, et Bernard Marcadé, il est invité à redécouvrir le Vésuve, 54 années après une première visite. Paul Armand Gette proposa alors de faire un Eloge du Jaune de Naples et du volcanisme campanien. Cette couleur jalonne régulièrement l’Å“uvre de l’artiste jusque dans cette exposition où trois toiles sont présentées ainsi qu’une série d’Å“uvres sur papier.
La particularité du Jaune de Naples, réside dans sa variété de nuances allant du jaune soufre au jaune rosé. Son nom provient d’une vieille légende selon laquelle la couleur serait issue des laves du Vésuve. La peinture — il faudrait dans ce cas plutôt dire la couleur — est appliquée par petites touches, un «barbouillage» comme l’appelle l’artiste, à l’aide d’une brosse et parfois au doigt. Préalablement, l’artiste a dessiné au crayon une trame qui déterminera les surfaces peintes des surfaces laissées vierges.
Parfois le dessin soigneusement tracé à la règle puis épaissi à main levée ne suffit pas à contenir la couleur, qui telle la lave ou la pensée libre, connaîtra le débordement. Une sculpture constituée de 9 blocs de pierre brute — tuf noir de Fontaine Froide —, intitulée La preuve par neuf (1991) est présentée sur un damier au sol et semble inviter le spectateur à un jeu dont les règles restent à inventer.
Avec Paul Armand Gette, le corps féminin incarné par la nymphe n’est jamais loin. Dans la «vitrine», l’artiste présente une installation avec vidéo intitulée Solidifications devant la brûlante humidité des Nymphes (2013) — une Å“uvre qui s’inscrit dans la série des « Réflexions sur la sculpture » qui a vu le jour lors de son exposition en 1989 au Magasin de Grenoble.
Comme toujours, Paul Armand Gette remanie ses œuvres pour nous offrir des variations et des rapprochements nouveaux à la recherche d’une vérité issue de la poétique du banal.
Paul Armand Gette a choisi d’accompagner son exposition par la présentation des Editions Eter, qui ont collaboré avec Arman, Ben, Brion Gysin, Raoul Hausmann, Bernard Heidsieck, Françoise Janicot, Jean-Pierre Raynaud, Niele Toroni et Didier Trenet.
Vernissage
Samedi 19 octobre 2013