Nikolas Gambaroff
Der Herrische Saügling
Dans le sillage de Jacques Villeglé et de Raymond Hains, Nikolas Gambaroff pratique le collage et le lacéré. Comme ces artistes avant lui, il cherche à éprouver la peinture par d’autres moyens que ceux qui lui sont traditionnellement dévolus, le pinceau et les pigments. Ce qu’il appelle ses «peintures» sont en réalité des collages qui questionnent la peinture.
Mais son approche se distingue de celle des affichistes français. Au lieu de prélever son matériau directement dans la rue, Nikolas Gambaroff travaille sur toile et colle sur celle-ci des pages de journaux (la Gazzetta dello Sport, le New York Times) en couches superposées. Aux images des journaux, il préfère leurs écritures, ce qui confère à son travail une esthétique peu colorée, à priori peu séduisante.
En outre, son lacéré n’est pas spontané, encore moins «anonyme» comme l’était celui de Villeglé. Au contraire, méthodique et sériel, le travail de Nikolas Gambaroff consiste en l’affirmation d’un geste, aussi simple que répétitif. Ses toiles sont ainsi lacérées avec systématisme, ordre et méthode, ce qui les rapproche d’une forme d’art conceptuel et en particulier de ce que le groupe BMPT a inventé au début des années 1960: l’interrogation de la peinture par la répétition d’un «outil visuel».
Pour autant, celui qu’utilise Nikolas Gambaroff n’est ni la bande verticale de Buren, ni le cercle de Mosset, ni l’empreinte de pinceau de Toroni. En forme de zigzag, son «outil visuel» ressemble à une écriture. Il a le pouvoir de localiser ce qui fait déjà image dans le processus d’écriture. En somme, de faire image avec de l’écriture.
critique
Der Herrische Saügling