Aï Kitahara, Daphné Nan Le Sergent
Dépliements
L’artiste japonaise Aï Kitahara développe une topologie de l’invisible. Pensées pour l’espace investi, ses constructions reposent sur une tension entre fragilité apparente et force du matériau. Les couleurs, se tiennent également dans un entre-deux qui place les Å“uvres sur des plans intermédiaires et qui, paradoxalement, les fixe dans l’espace d’une manière indélébile.
Pour La BF15, l’artiste propose de développer son projet Lys (déplier-reconstruire), qui trouve son origine dans les origamis japonais et un souvenir d’enfance, le pliage d’un lys. Élaborées à partir de pliages dépliés, ces structures issues d’une décomposition se rapprochent d’une architecture d’abri avec quatre points d’appui. Certaines prennent forme en porcelaine ou en métal alors que d’autres, plus monumentales, sont en papier.
Daphné Nan Le Sergent née en Corée, développe son travail autour de la présence d’une frontière omniprésente qui divise le pays, notamment avec son film My Split Eye qui questionne notre rapport à la délimitation du territoire et à la frontière. Ici, celle qui sépare les deux Corées pourrait être pensée tout à la fois comme écran et cache: écran pour la projection de l’Histoire, écran pour toutes ces histoires individuelles où se sont répercutés les événements de la guerre, écran pour une projection intérieure qui vient masquer les paysages de la Corée du Nord que l’on voit sans regarder.
Petit à petit, un rectangle blanc – à la fois écran et cache – se déplace sur les différentes images, venant recouvrir non seulement les paysages aperçus depuis les observatoires construits à la frontière mais éludant aussi des images d’archive, éléments de mémoire, comme si le développement économique de la Corée du Sud impulsé par la rivalité avec le Nord avait développé une sorte de regard aveugle, refusant de voir tout ce que la partie gagnante a arraché à la tradition. (Commissaire: Perrine Lacroix)
Vernissage
Jeudi 22 novembre 2012 Ã 18h