Martin Barré, Jean Degottex, Marc Devade, Simon Hantaï, Michel Parmentier
Déplacer, déplier, découvrir. La peinture en actes (1960-1999)
Chaque artiste, au sein d’une salle spécifique, est représenté dans cette exposition par un moment particulier de son parcours où tous les acquis ont été volontairement remis en question afin de tenter de redéfinir l’idée de tableau sans renoncer à la peinture pour autant: Simon Hantaï à travers les Panses de 1964-65; Martin Barré avec les «bombes aérosol» de 1963-67; Marc Devade à travers les séries de peintures «H» de 1975-77; Jean Degottex avec les Lignes Report, les Lignes-Report-Noir, les Report-Noir et les Papier-Report de 1977-78; Michel Parmentier à travers les «toiles noires» de 1983-84 et les œuvres sur papier puis sur calque de 1987-99.
Le fait que la pratique de ces cinq artistes soit toujours demeurée attachée à l’idée de tableau souligne également l’indépendance de leur démarche dans un contexte où il était bien plus question de reconstruire le fait pictural hors du faire pictural. Que signifie, dès lors, cette fidélité presque continue à la toile ou à la feuille de papier? Quelle singularité développent ces notions d’abstraction(s) radicale(s) qu’ils expérimentent tour à tour? Et quels espaces, à travers des figures récurrentes de déplacement, semblent-ils déplier et ainsi (re)découvrir?
Car si tous considèrent la peinture ou le dessin comme le seul lieu d’émergence possible du geste de l’artiste, tous abordent, quoique chacun à sa manière, le tableau comme un territoire d’aventures et d’expérimentations libre et ouvert, où les notions de limites et de support sont sans cesse réinterrogées au point que l’au-delà de la surface et du cadre y joue un rôle paradoxalement central et fondateur.
«Déplacer, déplier, découvrir. La peinture en actes (1960-1999)» permet ainsi de prendre la mesure d’attitudes et de démarches encore trop sous-estimées au sein de la production artistique française de la seconde moitié du XXe siècle, et d’analyser ces voies nouvelles dans lesquelles chacun s’est tour à tour engagé. Et, sans pour autant remettre l’autobiographie au cœur de l’œuvre, elle pose néanmoins la question ontologique de la prise de parole ou du retrait dans le silence au sein d’une démarche artistique, comme de l’existence d’un geste ultime ou de l’exigence d’un absolu à l’intérieur même du tableau.