L’exposition « (Dé)placements » au Musée régional d’art contemporain de Sérignan permet de découvrir le travail du jeune artiste colombien Daniel Otero Torres. De multiples médiums comme l’installation, la sculpture, le dessin, et la photographie se combinent pour explorer les communautés vivant en marge de la société colombienne et les voies alternatives qu’elles développent.
Les déplacements sont au cœur de la démarche de Daniel Otero Torres
Le titre de l’exposition, « (Dé)placements », résume parfaitement la démarche de Daniel Otero Torres dans laquelle la notion de déplacement est en effet centrale, que ce soit sur le plan de la forme ou sur celui du fond. Pour ce qui est de la forme, la plupart des œuvres du plasticien résultent d’un passage de l’image à la sculpture. Une pratique du glissement qui reflète les thématiques abordées : le rapport à l’autre et l’évolution de ce rapport en fonction des situations sociales, politiques et culturelles, le passage de la culture européenne à la culture sud-américaine, celui du réel à sa représentation ou encore de l’original à la copie.
Une installation disposée au milieu de l’espace est composée d’un imposant échafaudage en bambou qui évoque les dispositifs traditionnels, qui sont utilisés par les ouvriers de l’Inde à la Chine pour construire des immeubles. Ainsi est évoquée l’architecture vernaculaire en Colombie sur laquelle Daniel Otero Torres débute une recherche avec cette exposition.
Daniel Otero Torres explore les minorités colombiennes
L’échafaudage symbolise le saisissant contraste entre les structures précaires sur lesquelles travaillent les ouvriers et les immeubles en dur qu’ils construisent. A travers l’installation se dessinent les constructions précaires qui se développent autour des villes colombiennes et qui résultent à la fois de nécessités économiques et sociales complexes et de techniques ingénieuses qui permettent aux habitants d’élaborer des modes de résistance par la reprise en main de leurs conditions de vie.
De chaque côté de l’installation est placée une chaise, que l’on pourrait confondre avec celle d’un gardien surveillant l’exposition. Sur l’une d’elles est placé la sculpture Homme assis : un dessin réalisé au crayon sur aluminium représente un homme qui tient dans sa main une large feuille palmier véritable. Cette figure réunit celle d’un personnage errant rencontré par Daniel Otero Torres dans une communauté indienne en Colombie, symbole d’un choix de vie libéré du conditionnement de la société contemporaine, et celle du gardien de musée en tant que personnage quasi invisible habituellement ignoré.
L’exposition « (Dé)placements » est présentée à La Palmeraie, un nouvel espace que le MRAC inaugure cette année et qu’il réserve à la promotion de la jeune création française et internationale.
critique
(Dé)placements