L’exposition « Dépenses » à Labanque, centre de production et de diffusion en arts visuels de Béthune, est le premier volet d’une trilogie d’expositions intitulée « La traversée des inquiétudes » et inspirée par l’œuvre de l’écrivain Georges Bataille. Sculptures, vidéos, photographies et installations explorent la notion de « dépense » à la suite de l’ouvrage économique La Part maudite publié par l’écrivain en 1949.
Un parcours qui déploie la notion de dépenses, de l’excès au don
L’exposition est répartie sur l’ensemble du site de Labanque, en parfaite adéquation avec son thème puisqu’installé dans les locaux de l’ancienne Banque de France. De la salle des coffres et de la salle des archives au sous-sol à l’appartement du directeur au premier étage, en passant par le hall d’accueil et la salle de triage et des recettes cohabitent les Å“uvres d’onze artistes contemporains français et internationaux, actuels ou historiques.
Le plateau central introduit l’exposition avec une section intitulée « Energie ». La violence de l’œuvre Kannibale (acephale) de Kendell Geers, figure d’homme sans tête tracée dans une tache d’encre de Chine, côtoie une sculpture d’inspiration grecque de Laurent Pernot, un Apollon aux traits noircis par le feu. Visions sacrificielles ou alchimiques (des œuvres de Mounir Fatmi et Gilles Stassart) se mêlent aux cendres de papier de soie calciné de Manon Bellet.
Une vision de la philosophie de Georges Bataille
Une installation vidéo inédite d’Antoine d’Agata occupe l’ensemble des sous-sols. La deuxième étape du parcours, intitulée « Excès » prend ainsi la forme d’une expérience immersive où la transgression a libre cours. La notion d’excès s’affirme pleinement à travers cette œuvre qui repousse les limites du possible et de la raison.
Dans le riche appartement du premier étage, ce que Georges Bataille nomme le « potlatch », à savoir un don total, qui serait guidé par un principe de dépense inconditionnelle et de perte intégrale, est mis en scène à travers des œuvres symbolisant cette dilapidation, cette largesse sans mesure.
Les œuvres exposées au deuxième étage mettent un terme au parcours avec la section « Rituel ». La vidéo de Rebbecca Digne intitulée Sel ou encore la photographie d’Anne-Lise Broyer, Madrid, Plaza de toro, sur laquelle une large trace de sang s’étale sur un sol gris jusqu’à une lourde porte de garage close, illustrent une vision de la philosophie de Georges Bataille. Une vision qui lit dans cette dernière le fantasme d’une société qui se fixerait ses propres règles.