Sara Acremann, Clémentine Adou, Aline Aune, Chia-chi Chiang, Pierre-Marie Croc, Clémence Fonquernie, Hélène Garcia, Adrien Genty, Thibault de Gialluly, Chloé Silbano
Dépaysements
«Plus que jamais, l’artiste d’aujourd’hui est un voyageur, un explorateur, presque sans attaches: l’art se dit dans toutes les langues et les nouvelles subjectivités des artistes s’inventent dans le déplacement, le dépaysement et la confrontation avec le monde, un monde dont on sait qu’il est particulièrement agité de secousses multiples — politiques, sociales, écologiques, économiques et intellectuelles. C’est une réalité incontestée que les voyages font partie de l’éducation artistique, mais la destination n’est plus simplement Rome comme autrefois et les enjeux du voyage ont changé. Les jeunes artistes français, contrairement à une idée reçue, ont pris la mesure de ces évolutions: je les découvre partout dans le monde, à New York, Londres, Berlin, ou Bruxelles par exemple. En rencontrant les étudiants des Beaux‐Arts de Paris, j’ai compris à quel point l’École, malgré son classicisme, était une institution perméable au monde et l’importance de son rôle dans l’internationalisation des jeunes artistes français.
C’est pour rendre compte, et pour encourager encore davantage ce phénomène que j’ai choisi de donner à l’exposition des Félicités une forme très ouverte. J’ai voulu notamment favoriser les conditions d’un dialogue et de collaborations possibles entre cette communauté d’artistes et un ensemble de nouveaux lieux d’expositions européens indépendants qui s’illustrent par leur dynamisme et leur inventivité.
Ces espaces alternatifs cherchent, en réinventant les modalités de production et d’exposition des œuvres, à bousculer les paresses, les routines des pratiques curatoriales, à troubler les habitudes et les imaginaires esthétiques établis et c’est pour cette raison qu’ils sont, je pense, par définition les meilleurs interlocuteurs — les plus exigeants aussi — des jeunes artistes qui viennent d’en terminer avec leurs études à Paris.
J’ai ainsi imaginé ce moment particulier que représente, pour beaucoup de ces jeunes artistes, une première exposition dans une grande institution parisienne, non pas comme un moment de consécration mais comme un moment d’inscription réelle dans le champ professionnel de l’art contemporain, un moment de stimulation, de confrontation, d’activation de leur potentiel. Un moment d’ouverture du champ des possibles.» (Gunnar B. Kvaran)