L’exposition « Demeure encore » à la galerie Confluence, à Nantes, présente une récente série de photographies d’Amaury da Cunha. Des clichés marqués par un sentiment de mélancolie et de solitude.
Une esthétique du fragment
Les photographies d’Amaury da Cunha suivent presque toutes un mode de composition identique : elles capturent un seul objet précis dont elles renvoient l’image en l’isolant de tout autre élément, jusqu’à parfois accentuer cette isolation par une obscurité qui semble se refermer autour de lui. Ainsi la nouvelle série photographique intitulée Demeure encore regroupe-t-elle des clichés construits autour d’un motif central unique : un animal, un visage, un élément de paysage, une branche d’arbre…
Demeure encore ou comment retenir des choses déjà perdues
La photographie intitulée Tharoul isole un genou et une main qui se pose dessus, deux éléments de chair claire encadrés par le haut d’une chaussette et le bas d’un vêtement et entourés de ténèbres, sur un fond d’herbe sombre. Ces détails sont les seuls que l’on distingue de la personne photographiée. Dans Senlis, c’est une main âgée qui est montrée, posée sur les touches d’un piano. Dans Ermenonville, le bas du corps d’un cheval qui se détache sur un sol sombre…
Les photographies d’Amaury da Cunha reflètent le deuil du monde
Le minimalisme des sujets photographiques d’Amaury da Cunha reflètent une vision du monde qui est celle d’un homme en deuil. Ainsi isolé, chaque élément apparaît comme un fragment d’un tout que l’on a perdu. Le monde en tant qu’ensemble organisé n’est plus accessible à celui qui a vécu le drame de la mort : seules des bribes disparates émergent parfois de l’obscurité et rencontrent le regard du photographe. Les photographies d’Amaury da Cunha relèvent d’une esthétique du fragment ; indissociable d’un deuil du monde.