Sandra Aubry, Sébastien Bourg
Dématérialise-moi ça!
Le garçon tient fermement son pistolaser dans la main, un sourire narquois sous sa moustache duvetée de Nesquick. Il vise avec conviction la nuque de sa grande sœur et s’apprête à obéir aux ordres télépathiques de l’empereur Altarus.
Il fait parfaitement la différence entre la désintégration (son chien aussi) et la dématérialisation. Car même s’il va appuyer sur la gâchette, il ne souhaite pas que sa sœur disparaisse totalement. Il l’aime et la déteste, et souhaite uniquement la projeter dans un monde parallèle où elle sera et ne sera pas tout à fait.
Un univers aux frontières assez floues pour tout le monde dans lequel les choses ont subies l’épure permettant d’en faire des concepts plus forts que les objets trop humains qu‘ils furent.
Son gamma-taser (le nom change aussi) est bien réglé. Il a différentes fonctions, plusieurs processus de transfiguration qu‘il peut combiner. Il peut aplatir les objets du monde en 2D, en négatif, en ombres, ne conserver que leurs traces, changer leur échelles, leur ôter des parties pour les remplir de pleins de manques, vriller le recto et le verso, déconstruire et recomposer à loisir, suivant l‘ordre qui lui paraitra le plus adéquat à la chose qu‘il vient de révéler. Il vient d’appuyer. Et sa sœur ne s’est rendue compte de rien, une fois de plus.