Dominique Blais donne le rythme, le temps personnel et intime de l’écoute et du regard. L’exposition s’amorce sur une vidéo de 26 minutes projetée au mur, mettant en scène Gordon Allen, trompettiste canadien en pleine improvisation.
Le son, lui, se diffuse indépendamment, sur trois cylindres, par le biais d’enceintes tubulaires suspendues au plafond. En s’asseyant sur l’un des trois modules, on peut alors contempler l’image, écouter le son, l’un avec l’autre, ou l’un sans l’autre. L’écoute se fait contemplative, le son se concentre et se diffuse autour du cheminement du visiteur.
Le temps et le son décélèrent, dans la deuxième salle. Ici, le son frôle, caresse le sol, dans un bruit de terre, organique. Trois modules composés de disques de grès sont suspendus au plafond. Dans leur mouvement aléatoire mais répétitif, les disques se frôlent, créent une mélopée, proche des Om tibétains, où l’on entend alors le bruit du mouvement, la fréquence. Le temps se fige pour ne suivre que le mouvement circulaire des disques, et leur son rond et terreux.
Dans cette installation minutieusement calculée; chaque disque de terre a été suspendu à une hauteur qui lui permette, par frottement, d’émettre certains sons; le disque, objet, devient lui-même un instrument. Vaporeux, aériens, les sons tendent à disparaître… C’est l’objet de la dernière salle qui clôt ce parcours expérimental.
Dans ce backstage réduit, un émetteur et un récepteur, reliés par une montagne de fils, ne crachent aucun son, malgré la puissance sonore qu’ils semblent imposer. Le disque tourne, mais le son ne fait que parcourir la longueur de ces fils, en va et vient, sans jamais en sortir. Inaudible, le son prend alors forme, se formalise par les instruments qui le mesurent, les modules de son, et le transmettent, l’émetteur.
Dans cette décomposition du son, de sa perception musicale, sensible, puis physique, le temps décroît en rythme, décélère, donnant alors corps au bruit, devenant une matière que Dominique Blais se plaît à expérimenter, sous toutes ses formes.
Jouer avec les éléments impalpables, en mouvement perpétuel, électrons libres qui deviennent matière pour l’artiste… La toute dernière pièce de l’exposition, un néon entortillé sur lui-même, formalise aussi l’immatériel, le flux lumineux. Réduit au minimum, le son comme la lumière sont ici exploités pour leur essence même, flux d’électrons ou légères acouphènes.
Dominique Blais
— Les disques, 2008. Grès d’Irak, filins, moteurs. Dimensions variables
— Sans titre (Les cordes), 2008. Néon, câbles électriques, transformateur. Dimensions variables
— Transposition (Variations), 2008. Vidéo, 26mn
— Transmission, 2008. Meubles-rack, câbles, lecteur CD, amplificateur, CD audio. Dimensions variables
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