Elise Morin, Fabrice Flipo
Débat Manèges III: Esthétique et éthique de l’environnement
Que signifie protéger l’environnement, sur les plans éthique et esthétique? Au nom de quoi agissons-nous? Quelle place ont les tensions esthétiques, dans la formulation d’une obligation à l’égard des environnements naturels et construits?
Ces questionnements obligent, premièrement, à interroger l’autonomie du champ de l’esthétique, vécue aussi comme une force critique, voire une promesse de liberté au regard des volontés de contrôle et de normativité sociale.
Ces interrogations nous conduisent, deuxièmement, à vouloir comprendre les rapports d’une éthique environnementale et de soins donnés aux éléments de notre environnement au nom de leur beauté, ou du plaisir qu’on peut avoir à les pratiquer, de loin, par le biais des médias, ou de près, dans la proximité et la familiarité, manifestant le souci d’une vie persévérante.
S’inspirant donc d’une éthique du «care» et d’une éthique environnementale, ce débat concerne les prémisses d’une éthique et d’une esthétique des interdépendances, des solidarités qui valorisent la reconnaissance d’une co-appartenance des êtres vivants, notamment géographique. Il s’agit de mettre en valeur les relations avec les environnements naturels et construits qui participent des éléments d’une cohabitation et d’une co-adaptation réussie. Une telle réflexion s’appuie notamment sur une vision écosystémique de l’environnement.
Cette éthique en situation fait sienne la reconnaissance de soi et des autres dans et par l’environnement. Les êtres humains cohabitent et se co-construisent avec les éléments de leur environnement qu’ils qualifient à ce titre et qui les qualifient en retour.
Cette dynamique de cohabitation engage les individus dans des situations, les obligent même à des réponses «vives» empathiques. En ce sens, quelle importance ont les formes paysagères, narratives, ambiantales? Notre hypothèse est qu’il s’agit de donner forme à l’environnement, de le mettre en adéquation avec une sensibilité et de représenter l’environnement concerné par ces valeurs. La formule pourrait être alors: «prends en considération les attachements», reconnaissant ainsi les continuités du «vivant» présentes dans le temps et dans l’espace, comme des principes nécessaires et préalables à l’énonciation d’une justice.
Avec la participation de:
— Fabrice Flipo, ingénieur et philosophe
Ingénieur et maître de conférences HDR en philosophie, il enseigne à Télécom et Management SudParis, une école du groupe Mines-Télécom. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et membre du comité de rédaction des revues Mouvements, Natures Sciences Sociétés et La Revue du Mauss.
— Elise Morin, artiste plasticienne
Ses installations et vidéos sont empreintes de références aux différentes mutations des paysages contemporains. Le rapport au lieu et le mode de production sont des composantes intrinsèques de son travail qui engage une réflexion sur le rapport qu’entretient la création au bien commun et sur le rôle de l’esthétique dans la compréhension et la valorisation des pratiques et des espaces.
— Modération: Nathalie Blanc, chercheuse
Directrice de recherche au CNRS, ses recherches portent sur la nature en ville et de l’esthétique environnementale. Elle a notamment dirigé entre 1999 et 2003, un programme sur la nature et le paysage en ville intitulé Des paysages pour vivre la ville de demain. Depuis 2011 elle est déléguée au projet européen Investigating cultural sustainability.
Accès
Jeudi 28 novembre 2013 à 19h à l’Auditorium de l’Ensa-v
Entrée libre