Evor, Angélique Lecaille, Edgar Martins, Nicolas Milhé, Patrick Tourneboeuf
Dead Cities
Sujet du livre de Mike Davis, «Dead Cities» est le fil conducteur de cette exposition. Thèmes de prédilection du cinéma, de la bande dessinée et de la littérature souvent abordés sous le prisme de la science fiction, l’apocalypse, la disparition de la ville et de la civilisation sont explorés ici par des plasticiens et des photographes. Les catastrophes naturelles, accidents nucléaires, les guerres et les crises économiques sont des catalyseurs de la mutation du paysage. Des études scientifiques, réalisées sur les écosystèmes qui se sont développés sur les ruines de villes européennes à la suite des bombardements de la deuxième guerre mondiale et sur des lieux de catastrophes écologiques comme la ville fantôme de Prypiat près de Tchernobyl, montrent l’apparition d’une nouvelle forme de végétation urbaine.
Lombok Rudéris de Nicolas Milhé révèle cette incursion d’une nouvelle forme de nature dans des bâtiments inachevés et abandonnés, ensevelis sous la jungle et colonisés par les singes. Les Monoliths de Patrick Tourneboeuf, vestiges de la deuxième guerre mondiales s’effondrent, s’effacent, recouverts par la mer, ensevelis sous le sable ou la végétation.
Evor avec Le jardin du Phoenix, monolithe noir dressé dans le jardin de la galerie, nous dévoile un espace minéral et végétal préservé, un microcosme serti dans un écrin de verre. Cette pièce, relique sacrée d’une nature sublimée, s’offre au culte futur d’une civilisation post-apocalyptique. Paysages rocheux et architectures en ruine frappés d’une lumière vive, les dessins d’Angélique Lecaille inspirés de l’Apocalypse de St Jean déploient une dimension mystique. A l’instar du jardin d’Evor, ses sculptures sous cloche sont des fragments de paysage évoquant les rochers de lettrés, microcosmes de montagne collectionnés par les lettrés chinois.
Les cathédrales industrielles que l’on découvre sur les photographies d’Edgar Martins, tirées de la série The Time Machine réalisée dans des centrales hydro-électriques au Portugal, dévoilent la démesure déployée lors de leur conception dans les années 50 à 70, période de croissance économique et d’utopie technologique. Ces complexes aujourd’hui désertés, déshumanisé, les hommes ont depuis longtemps fait place aux machines, symbolisent les citadelles fortifiées, ces nouveaux bunkers également évoqués par Mike Davis, vaines tentatives sécuritaires face aux menaces de terrorisme. Empruntée au vocabulaire guerrier du moyen âge, La Meutrière de Nicolas Milhé, par cette esthétique lisse et contemporaine, renvoie également à cette architecture de la peur.