Arman, John M Armleder, Robert Barry, Karina Bisch, Victor Burgin, Jeremy Deller, Peter Fischli et David Weiss, Hans Hollein, On Kawara, Joachim Mogarra, Nam June Paik, Seth Price, Rosemarie Trockel, Edward Weston, Heimo Zobernig
Dead Air. Principe du continuum et autres investigations de la notion d’événement
«Dead Air» évoque 4’33’’ de John Cage créée en 1952, trois mouvements musicaux sans qu’aucune note ne soit jouée par le ou les musiciens. «Cinquante ans après sa création, explique Julien Fronsacq, le commissaire de l’exposition, la BBC tente un enregistrement radiophonique et télévisuel de l’oeuvre de Cage. La radio modifie donc la sensibilité des microphones et des transmetteurs conçus habituellement pour s’éteindre en cas d’absence de tout signal (et que l’on appelle «dead air»). John Cage, pour qui l’expérience du concert prévalait avant tout et qui détestait les enregistrements, se serait certainement amusé des difficultés technologiques à cette captation. Dans la perspective d’une exposition au Frac Aquitaine inspirée par sa collection, ces obstacles à la médiatisation évoquent à merveille les tourments que toute sortie d’oeuvres des réserves implique.»
Cette exposition est l’invitation à une lecture subjective de la collection du Frac Aquitaine par un commissaire d’exposition extérieur. «Dead Air» se propose ainsi de considérer deux mouvements artistiques fortement présents au sein de la collection : l’art conceptuel et Fluxus (comme une tentative de croiser deux cultures que l’histoire de l’art a tenté de séparer). Ces deux mouvements ont en commun d’explorer l’événement et son expérience.
On Kawara réalise ses Date Paintings à la mesure du temps calendaire, Les Violons brûlés d’Arman explorent la destruction et sa formalisation suite à un événement consacré par le feu et enfin, des Furniture Sculptures de John M Armleder procèdent d’une véritable juxtaposition d’objets culturels éclectiques d’où jaillit une hétérogénéité radicale.
«D’un point de vue plus conceptuel, explique encore Julien Fronsacq, deux conceptions de l’événement se sont affrontées lors de cet enregistrement par la BBC. L’une médiatique visant à un reliquat et l’autre «cagienne» au service d’une réalité résistant à toute réduction. Pour Cage, adepte de la pensée chinoise, l’événement procède de l’aléatoire.
Héritier de Cage, Fluxus s’attachera à son tour au principe aléatoire. À l’image d’une partition musicale, l’oeuvre Fluxus sous forme de règles et d’actions est soumise à des interprétations spécifiques et successives. Ainsi, elle ne saurait être réduite à un unique objet. Loin d’une histoire linéaire, «Dead Air» explore des filiations insoupçonnées. Le dépassement des oppositions binaires, chères à Cage permet d’appréhender autrement les recherches postmodernes en architecture et dans le design. Or c’est bien une mise à mal des catégories culturelles hiérarchisées qui préoccupe John M. Armleder ou Jeremy Deller. À travers ses nombreux projets, Deller reconnecte des objets, des phénomènes ou des pratiques socioculturels issus de «sphères» supposées séparées. Seth Price pour sa part manifeste un grand intérêt pour la musique populaire rassemblant des morceaux de musique «New Jack» ou rédigeant un essai consacré au sampling.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marine Drouin sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Dead Air