L’exposition « De Memoria Et Reminiscentia » à la galerie Mitterrand, à Paris, est consacrée aux maquettes dont Anne et Patrick Poirier ont fait un pilier de leur œuvre depuis la fin des années 1960.
La maquette au centre de l’œuvre d’Anne et Patrick Poirier
Alors que la Maison européenne de la photographie propose une rétrospective de l’œuvre photographique d’Anne et Patrick Poirier, l’exposition « De Memoria Et Reminiscentia » à la galerie Mitterrand s’intéresse à une autre facette de leur pratique : leurs maquettes. L’œuvre du couple d’artistes, si elle est centrée autour d’un thème récurrent, à savoir la fragilité des êtres, de l’existence, de la nature et de la culture, se déploie à travers des médiums très variés parmi lesquels la maquette occupe une place majeure.
L’exposition rassemble une dizaine de maquettes ainsi que des dessins préparatoires et des photographies qui retracent l’évolution de cette pratique au sein de leurs œuvres des années 1970 aux années 1990. Les maquettes d’Anne et Patrick Poirier miniaturisent toujours une architecture fictive qui se nourrit des souvenirs de leurs voyages et des relevés qu’ils ont effectués notamment dans des sites archéologiques, comme l’exprime le titre de l’exposition, « De Memoria Et Reminiscentia ».
« De Memoria Et Reminiscentia » : le passé, la mémoire, le savoir
La maquette de douze mètres sur six mètres en terre cuite, intitulée Ostia Antica et réalisée en 1973, est ainsi le fruit des recherches effectuées par Anne et Patrick Poirier pendant plus d’un an sur le site antique du même nom situé près de Rome. Elle s’inscrit dans un cycle de maquettes dédiées à l’antiquité, au passé, à la mémoire, où l’étude des ruines tend à évoquer le chaos, comme c’est pleinement le cas avec l’ensemble Domus Aurea, composé de six maquettes en charbon de bois et fusain qui illustrent un univers sombre inspiré par leurs fouilles sur le site de l’ancien palais de Néron.
La miniaturisation des ruines antiques par Anne et Patrick Poirier est pour eux un moyen de montrer le danger qui menace les cultures et la nature, toujours aux prises avec la violence des hommes. Une violence à laquelle le duo oppose le savoir et la mémoire, qu’ils formalisent dans leurs maquettes des années 1990 comme Mnémosyne et Ouranopolis. La blancheur immaculée succède à la noirceur dans ces architectures elliptiques qui représentent des musées ou des bibliothèques utopiques.