L’exposition présente de la peinture. Non pas des peintures, mais de la peinture. La galerie n’expose pas seulement des peintres contemporains mais nous confirme que la peinture prend sa place dans l’art contemporain. Malgré un certaine retrait de la peinture, et surtout de la peinture figurative, face à la photographie, et aujourd’hui face aux images technologiques, des expositions telles que Urgent Painting au Musée d’Art Moderne et Cher Peintre à Beaubourg, attestent que la peinture reprend sa place dans le champ de l’art.
La galerie présente des artistes internationaux qui, chacun à leur manière, redéfinissent la peinture. Ces peintres dépassent les limites de la toile, de la peinture, mais aussi ils s’approprient parfois les images concurrentes, les images mécaniques. Bien que toutes ces oeuvres soient de la peinture, elles ne semblent avoir guère d’autres points communs. Les paysages de Daniel Richter aux couleurs rayonnantes jusqu’à la saturation sont aux antipodes de ceux d’Elisabeth Magill qui, elle, adopte le registre de la sobriété et du vide.
Agnes Thurnauer redéfinit les limites de la peinture en collant sur la toile des papiers imprimés dont quelques motifs émergent de ses tableaux de facture abstraite.
Jorge Pardo allie peinture, motif et objet. La toile, plus exactement le support de la peinture est ici découpé dans le bois ; il n’est pas rectangulaire, il prend une forme qui s’accorde avec le motif peint.
Sophie von Hellermann peint des scènes fugaces, scènes que l’on retrouve davantage dans la photographie, dans l’image médiatique. La toile intitulée Alice (2002) représente une femme entrant dans une limousine, cela à la manière d’un instantané. Ce qui pose la question de la temporalité propre à la peinture.
A True Tale (2000) d’Yvan Morley interroge les rapports entre le tissu et la toile, la teinture et la peinture. Avant d’être peinte, la toile semble avoir été teinte, tandis qu’ont été brodés les mots «San Francisco» et «Los Angeles». Dans cette œuvre, l’artiste juxtapose également des aplats de couleurs pures de formes géométriques représentant les voiles d’un bateau, à des détails grotesques symbolisant les nervures du bois de la coque de ce même bateau. Cette combinaison de deux pratiques de la peinture rappelle le métissage (entre la peinture et la couture), mais semble aussi annoncer une nouvelle peinture — une peinture métisse ?
Sophie Von Hellermann
— Alice, 2002. Huile sur toile. 187 x 150 cm.
— Take Me Baby, 2002. Huile sur toile. 270 x 206 cm.
Yvan Morley
— A True Tale, 2000. Vernis, huile sur toile. 66.04 x 76.20 cm.
Daniel Richter
— Und was seid Ihr ? 2002. Huile sur toile. 204 x 157 x 3.6 cm.
— Kleine Meisterin der Puppen, 2002. Huile sur toile. 225 x 147.4 x 2.6 cm.
Jorge Pardo
— Untitled, 2002. Huile sur bois. 62 x 53 cm.
— Untitled, 2002. Huile sur bois. 72 x 46 cm.
Elisabeth Magill
— Purple Trees, 2000. Huile sur toile. 122 x 133 cm.
Agnes Thurnauer
— Le Temps présent, 2002. Huile sur toile. 188 x 280 cm.
— Périphérie, 2002. Huile sur toile. 138 x 228 cm.