La Fondation d’entreprise Hermès présente à l’Espace Commines les douze projets finalistes de la 4ème édition du Prix Émile Hermès pour le design. Un appel à projets international avait été lancé en septembre 2015 sur le thème «Jouer». Sélectionnés par un jury présidé par la designer Matali Crasset, les prototypes finalistes seront exposés dans le cadre du festival D’Days dans une scénographie pensée par Antoine Lesur et Marc Venot. L’annonce des lauréats se déroulera le 1er juin 2016, les trois prix étant respectivement dotés de 50 000, 25 000 et 15 000 euros.
Pour la 4ème édition de son prix, la Fondation d’entreprise Hermès a choisi d’interroger les candidats sur la thématique «Jouer», appliquée au champ domestique. Le jeu est une activité récréative qui forge l’imagination mais il participe également à la construction de l’individu et façonne son rapport à l’autre et donc sa sociabilité. Les propositions sélectionnées illustrent toutes les aspirations d’une génération qui a grandi en pleine ère numérique. Chacune d’elles traduit le rapport à la technologie de son auteur. Les plus nostalgiques ou pragmatiques revisitent des archétypes de jeux: ils créent des dispositifs simples en utilisant des matières naturelles. Les autres, les expérimentaux, créent des ponts entre le réel et le virtuel en utilisant le potentiel d’une application, le support d’une tablette ou les systèmes de la réalité augmentée.
Focus sur quelques projets
Imaginé par Victoria Gravelier, étudiante en design global à l’école bleue, à Paris, le projet Talu est un jeu de construction à grande échelle fait de vingt-huit modules en mousse recouverts de feutrine. Les blocs sont de formes et de tailles différentes et mesurent entre vingt et soixante centimètres de haut. Une fois assemblés, les modules dessinent de petites montagnes grâce au graphisme du tissu. La designer a souhaité avec Talu inciter à la créativité avec un jeu sans règles et exempt de toute compétition.
Your Shelter, le projet de Maciej Chmara et Anna Rosinke, est un chariot en bois assorti d’un set d’accessoires: tissu, corde, velcro, lampe, bâtons, connecteurs, etc. Les designers polonais voient le jeu comme un moyen de développer la créativité et proposent un jouet à assembler soi-même selon ses envies. Comme Victoria Gravelier, ils prônent la valeur éducative d’un jeu dépourvu de règles avec pour seul objectif la découverte des limites de sa propre imagination. Le duo vit et travaille dans un studio situé à Vienne, en Autriche.
Clico est un jeu de construction en réalité augmentée. Conçu par Camille Courlivant, Rose Dumesny et Line de Carné, il permet de donner vie à l’objet construit par l’enfant grâce à une application mobile et une tablette. Les différents modules de Clico permettent de donner forme à plusieurs véhicules: un sous-marin, une locomotive, un hélicoptère, un bateau et une fusée. L’enfant peut ensuite faire voyager sa création dans l’univers associé à l’objet en réalité augmentée. Le jouet Clico se veut pédagogique et traduit l’importance, aux yeux des trois designers, de maîtriser les outils numériques dans la société actuelle.
Oracle est à la fois le nom d’une niche et d’une application mobile créées par Valentin Adam et Maxime Loiseau. L’application propose une couleur et demande à chaque équipe de choisir dans son environnement immédiat un objet correspondant à la couleur donnée. L’objet doit ensuite être posé dans un réceptacle qui l’analyse numériquement et valide ou non le choix. L’équipe dont Oracle a validé le plus de couleurs d’objets remporte la victoire. Les deux designers issus de l’école Olivier de Serres voient leur projet comme un moyen de réinsuffler de la magie dans les objets du quotidien.