L’exposition « Dawn » consacrée à Sabine Moritz à la galerie Marian Goodman, à Paris, rassemble des nouvelles œuvres de la peintre allemande. Des peintures à l’huile et des œuvres sur papier qui poursuivent un travail autour de la mémoire.
La peinture de Sabine Moritz repose beaucoup sur la répétition de sujets
Les dernières peintures de Sabine Moritz témoignent d’un travail qui s’inscrit toujours dans la durée et qui repose sur la répétition de sujets. Les toiles intitulées Ville abandonnée I et Ville abandonnée II reprennent toutes deux exactement le même motif, un chien dans les rues d’une ville déserte, dans une position et un environnement identiques, mais bénéficient chacune d’une exécution différente. Ainsi le cadre du second est-il plus étroit et sa touche plus compacte que ceux du premier. De la même façon, Paradis (Deception Island) et Crépuscule forment deux versions d’une même inspiration, en variant davantage leur son traitement. Dans les deux cas, un navire croise au large, sur un fond de paysage montagneux, mais ici, le type de navire, le contexte et les teintes diffèrent.
Un processus inscrit dans la durée comme le travail de mémoire
La répétition d’un même motif souligne le caractère toujours évolutif d’un thème dans l’œuvre de Sabine Moritz et les variations infinies qu’elle permet sont aussi un moyen d’empêcher l’effacement d’un souvenir. On retrouve ce processus parmi l’important ensemble d’œuvres sur papier, en particulier dans la série Storm (Tempête). Une petite cabane à l’abandon, photographiée par l’artiste lors d’une promenade près de Munich, puis reproduite au graphite sur papier, a donné lieu, une dizaine d’années plus tard, par le biais de la lithographie, à une déclinaison infinie de versions du dessin. Chaque tirage, retravaillé à la peinture à l’huile et au pastel gras, fait varier la lumière, les teintes, l’environnement, l’ambiance…
La forte relation à la mémoire et notamment à sa mémoire personnelle qui se lit dans les Å“uvres de Sabine Moritz explique le processus très long qui les fait naître. Les tableaux résultent souvent d’un travail de plusieurs années, entrecoupé de pauses, d’ajouts, de suppression, de modifications… Comme le retour sur les souvenirs et l’effort pour reconstituer ceux qui s’échappent, la tentative de cerner un sujet requiert une élaboration minutieuse, une remise en question au long cours.