David Saltiel
David Saltiel
Le seuil, à la fois ligne et marge, sillon et confins, valeur minimale et zone neutre, est un espace-temps intenable, dans lequel nous ne sommes pas censés rester. Cet espace-temps existe par ce qu’il sépare et simultanément, son existence permet à ce qui est séparé de tenir ensemble ; c’est ce qui est « entre ».
Le travail de David Saltiel divulgue cet espace-temps à travers des vidéos et des installations à échelle humaine toujours en étroite relation avec le lieu qui les accueille.
Le premier vecteur qu’il a utilisé fut la maison, envisagée tout entière comme un seuil instable, une discontinuité (Je serai ton miroir, exposition à la Verrière, Hermès, Bruxelles/2002). Il a également interrogé ce qui est au bord, notamment en étirant l’instant entre conscient et inconscient (Ca et là , exposition à l’Espace Paul Ricard/2003) et l’espace entre réalité et représentation de la réalité (installation pour le Bal Jaune 2003).
Pour sa première exposition personnelle dans une galerie, il a travaillé à partir d’une expérience, celle d’un lieu découvert lors d’un voyage, d’une perspective qu’il a filmé sans préméditation. Il a demandé aux deux amis qui l’accompagnaient de traverser l’intensité éblouissante, de part en part.
Des portes étaient là , leur permettant de venir de la lumière et d’y retourner.
Quelques semaines plus tard, à son retour, en visionnant la bande, il y a vu l’image d’un passage, de sa représentation symbolique. A partir de cette représentation l’idée lui est venue de modifier l’architecture de la galerie, de modifier ce qui est réel donc, pour le rendre conforme à l’image, pour qu’il devienne à son tour l’expérience d’un passage : on entre par une porte, on vient d’une intensité, on traverse, mais face à nous il y a une porte qui ne peut pas s’ouvrir contrairement à ce qui se produit dans la vidéo projetée.
Il y aurait, face à face, une réalité que l’on est capable d’éprouver jusqu’à un certain point, et une représentation de cette réalité qui nous permet de l’imaginer et de la ressentir. Il s’agit donc d’être entre une représentation et une des ses réalités possibles.
Dans cet intervalle, s’interposent un petit bureau en verre laqué blanc et deux chaises dans le même matériau se faisant face ; ils baignent tous les trois dans une lumière rose sombre. Ils représentent le savoir, ce que l’on sait du réel et de ses représentations, ce que l’on imagine, un savoir que l’on transmet et qu’il ne faudrait jamais envisager comme un pouvoir.
David Sattiel
> David Sattiel est né en 1967 à Boulogne-Billancourt, il vit et travaille à Paris.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Xavier Testot sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
David Saltiel