L’exposition « David Salle » à la galerie Thaddaeus Ropac dévoile une nouvelle série d’œuvres du peintre américain. A travers des peintures sur toile et sur papier, David Salle se lance dans une exploration plus instinctive de la matière et du geste.
David Salle tisse des liens entre formes abstraites et images figuratives.
Si le style pictural de David Salle appartient à la figuration, ses nouvelles œuvres entérinent franchement une tendance qui traverse depuis longtemps sa pratique : celle consistant à suggérer des correspondances entre des formes abstraites et des images figuratives. Ainsi plusieurs toiles juxtaposent des représentations d’objets clairement identifiables et des formes abstraites. Dans le tableau Lunchtime se mêlent matériaux (peinture à l’huile, acrylique et vinylique, charbon de bois, bâton à l’huile), techniques (peinture et impression numérique), des motifs hétérogènes (un empilement de chapeau, un tronc humain, une carafe, une forme oblongue traversant tout le tableau de ses courbes) et des couleurs posées d’une façon qui semble aléatoire.
Des associations absurdes qui évoquent notre inconscient visuel
Les compositions qui semblent au premier regard relever d’associations absurdes mettent en lumière le lien entre l’objet représenté et la façon dont il est peint. Images d’entités réelles et formes abstraites se répondent et soulignent le rapport implicite entre notre regard et l’image. Les dernières toiles de David Salle forment ainsi des télescopages visuels faussement aléatoires qui sont en fait une évocation de notre inconscient visuel.
Les nouvelles toiles et œuvres sur papier de David Salle tendent vers l’abstraction
La démarche de David Salle dans ces nouvelles réalisations tend à engager une relation plus directe et physique avec la peinture dans sa dimension matérielle et colorée, de telle façon que le geste finit par se débarrasser partiellement du souci de la représentation. Des œuvres sur papier illustrent particulièrement cette importante évolution du travail du peintre américain. Ces œuvres sont réalisées à partir d’agrandissements de pages en noir et blanc d’exemplaires des années 1960 de la revue Life Magazine. Des traces et motifs peints recouvrent les pages jusqu’à presque les occulter. Un geste pictural qui tend fortement vers l’abstraction et fait naître la dynamique du contraste entre impression en noir et blanc et compositions vivement colorées.