L’exposition « Dialogues With Solitudes » au Bal, à Paris, présente cent cinquante tirages originaux du photographe américain Dave Heath, en regard de trois films cultes de la même période avec lesquels ils partagent le sujet de la solitude.
« Dialogues With Solitudes » : Dave Heath exprime l’isolement qui caractérise la vie moderne
Le titre de l’exposition, « Dialogues With Solitudes », renvoie à celui du livre A Dialogue With Solitude publié en 1965 par Dave Heath et qui synthétise son propos : exprimer le sentiment de solitude et d’aliénation qui caractérise la vie dans la société moderne. Le photographe américain sera l’un des premiers à s’intéresser à ce malaise individuel dès les années 1950.
L’exposition constitue la première présentation majeure en Europe de l’œuvre de Dave Heath : pour l’occasion sont réunis cent cinquante tirages d’époque réalisés par Dave Heath et la maquette originale de A Dialogue With Solitude. Ces photographies sont mises en dialogue avec trois chefs-d’œuvre du cinéma indépendant américain produits à la même époque : The Savage Eye de Ben Maddow, Sidney Meyers et Joseph Strick, Portrait of Jason de Shirley Clarke, et Salesman d’Albert et David Maysles et Charlotte Mitchell Zwerin.
Dave Heath photographie des alter-egos rencontrés au hasard de la rue américaine
La pratique de Dave Heath ne relève ni de la photographie documentaire ni de la photographie expérimentale : occupant une place unique dans l’histoire de la photographie américaine, influencé notamment par Eugene W. Smith et par les maîtres de l’école de Chicago comme Aaron Siskind et Harry Callahan, Dave Heath fait de son médium un outil pour, selon ses propres termes, « réintégrer la communauté des hommes » après une enfance douloureuse qui l’avait privé « de famille, de lieu ou d’histoire » qui puissent le définir.
Les clichés de Dave Heath n’ont pas pour but de capter des scènes ou événements précis, comme en témoigne l’absence sur presque chacun d’eux d’indices de lieux, de dates ou d’actions, mais celui d’exprimer la présence au monde des individus photographiés, une présence qui est absence et où la promiscuité forcée des corps s’oppose à l’isolement des êtres. La rue américaine, à Chicago, Philadelphie et New York est le cadre idéal de sa recherche. La photographie intitulée Métro aérien à Brooklyn, montre une jeune femme assise, tenant contre elle une enveloppe, les yeux dans le vide ; sur le mur derrière la femme capturée dans Chicago, en 1956, s’étale le message « Stop war » ; les deux adolescents serrés l’un contre l’autre dans Washington Square semblent incarner une attente désœuvrée.